Les Laurentides sont presque dénudées, exception faite évidemment des conifères et des mélèzes encore tout jaune avant que novembre ne fasse tomber leurs derniers relents de pudeur. À Montréal et dans la banlieue, le paysage diffère. Bouleaux, érables, chênes, cerisiers, féviers, pruniers tardent à se délester de leur parure. Illusions automnales? Changements climatiques?

«La question revient chaque année, répond Michel Labrecque, conservateur au Jardin botanique de Montréal. Et la réponse reste habituellement la même. D'année en année, les feuilles tombent au même moment ou presque. Mais il est vrai que cet automne, le grand dépouillement tarde un peu dans notre région.» Plusieurs facteurs sont en cause. Les nuits froides ont été moins fréquentes à Montréal que dans les Laurentides, le gel a été moins important et les périodes de grands vents, plus rares.

Il ne faut pas oublier non plus qu'une foule d'arbres et d'arbustes dans nos villes et dans la banlieue sont des hybrides et des espèces qui nous viennent d'ailleurs. Ils ont tendance à perdre leurs feuilles beaucoup plus tard que les variétés indigènes. L'érable de Norvège, par exemple, met un temps fou à se déshabiller. Chez moi, il est le dernier à se dénuder pour l'hiver. Originaires d'Europe ou d'Asie, les lilas prennent aussi beaucoup de temps à se délester de leurs feuilles, et l'olivier de Bohème, quant à lui, conserve souvent son feuillage jusqu'en décembre. Chez les conifères, notre mélèze laricin perd ses délicates aiguilles souvent deux semaines avant le cousin européen qu'on retrouve souvent dans nos jardins.

Quant aux changements climatiques, leur impact sur la chute des feuilles semble impossible à déterminer pour l'instant.

Un système racinaire très actif

Autre illusion: si l'arbre entre en dormance dès que les feuilles changent de couleur, la chlorophylle verte ne pouvant plus jouer son rôle de photosynthèse, le végétal n'est pas inactif pour autant.

Même quand les branches sont entièrement dénudées, le système racinaire, lui, est plus actif que jamais. Comme c'est aussi le cas au printemps, les radicelles se développent au cours de l'automne pour profiter des grandes pluies saisonnières. Elles sont petites, 10 à 15 cm de longueur, ne contiennent pas de celluloses comme les cellules du bois, ne vivent que quelques mois et sont couvertes de poils qui absorbent l'eau et les sels minéraux. Situées à la surface du sol, à une profondeur ne dépassant guère les 20 cm, les radicelles jouent un rôle important dans la fabrication des protéines et dans la régulation de la croissance de l'arbre.

C'est en raison de ce développement accéléré qu'il est souvent conseillé de transplanter les arbres et les arbustes à cette période-ci de l'année, un moment aussi très propice pour les fertiliser. On oublie souvent en effet que nos arbres ont besoin de temps à autre d'un remontant, notamment un engrais contenant un bon pourcentage d'azote. On en trouve toute une gamme dans les centres de jardin et les grandes surfaces, en bâtonnets ou autres. Les arbres sont souvent les grands négligés du jardin. Une fertilisation adéquate à ce temps-ci leur assurera une meilleure santé l'an prochain.

LE TOUR DU JARDIN

Chênes en péril

«Mes deux chênes fastigiés me semblent de plus en plus mal en point et je ne voudrais surtout pas les perdre, écrit Patrick St-Amour. Ils sont moins verts et moins fournis que ceux du quartier. Les feuilles sont couvertes de taches à la fin de juillet. Les nouvelles pousses qui apparaissent en août se recroquevillent. Que faire pour les sauver?»

Quelques données:

- plantation en 2003;

- diamètre du tronc (entre 8 et 10 cm);

- motte de racines consolidée par de la broche et enveloppée de jute;

- élimination de la partie supérieure de l'enveloppe de jute lors de la plantation;

- sol glaiseux mais grande fosse de plantation pouvant retenir l'eau de temps à autre.

- bon ensoleillement;

- aucune trace apparente d'insectes.

Diagnostic probable

Le mal qui affecte vos feuilles est vraisemblablement un type d'anthracnose ou encore la tache de la feuille de chêne, des maladies d'origine fongique habituellement sans gravité pour l'arbre même si son aspect en est affecté. Les dommages pourraient aussi être attribuables à un petit insecte, le phyloxère du chêne, mais là encore, ils sont de nature esthétiques avant tout. Donc, le problème n'est pas là.

Par ailleurs, si l'accumulation d'eau dans la fosse de plantation était en cause, vos arbres seraient probablement morts subitement, à la faveur d'un printemps très pluvieux, le système racinaire noyé. J'ai perdu un sorbier de grande taille de cette façon.

Une sécheresse persistante aurait pu être fatale, mais les arbres seraient morts depuis un bon moment.

Je me souviens d'avoir planté un chêne fastigié de gros calibre à un mètre d'une tranchée profonde où passait un égout. L'arbre dégénérait même s'il avait tous les soins nécessaires, notamment en matière d'arrosage. Il est mort quelques mois après la transplantation. Nous avons constaté malheureusement trop tard qu'une importante fissure dans l'argile, au fond de la fosse de transplantation, acheminait toute l'eau dans la tranchée de l'égout. Mon arbre était mort de soif.

Tout laisse croire que la santé chancelante de vos arbres est attribuable à une ou des erreurs lors de la plantation.

D'abord, il aurait fallu éliminer le plus de jute possible, de préférence jusqu'à la base de la motte de racines. Le jute est un tissu compact qui peut parfois mettre des années à se décomposer. Non seulement il constituera alors une barrière limitant le passage de l'eau entre les racines et le milieu de plantation, mais il limitera considérablement la croissance des racines, ce qui affaiblira l'arbre lentement mais sûrement. La densité du feuillage sera moins grande et les feuilles seront plus petites. Chez moi, nous avions laissé quelques morceaux de jute au pied d'un pin sylvestre lors de la mise en terre. Or, une partie du tissu pourtant exposé à la surface du sol n'est toujours pas décomposée... 25 ans après la transplantation. .

Il n'est pas impossible non plus que vous ayez oublié de dégager le tronc des cordages qui retenaient le jute. Ceux-ci finissent par entraver la circulation de la sève. Mais dans un cas comme dans l'autre, l'arbre dégénère et finit par mourir, parfois des années après la transplantation. Le patient n'est cependant pas encore condamné. Il faut agir rapidement.

Je vous conseille donc de creuser dès aujourd'hui à la base de vos arbres pour éliminer ce qui reste du tissu. Il n'est pas impossible que les racines aient tourné en rond dans leur prison de jute. Dans ce cas, sectionnez-en quelques-unes. Coupez tout lien enroulé autour du tronc. Enterrez à nouveau les racines et fertilisez avec un engrais pour arbre en respectant toutefois les directives du fabricant. Augmenter la dose recommandée, comme on serait tenté de le faire en pareil cas, ne guérira pas le patient plus rapidement et pourrait lui causer plus de tort que de bien.

Ail d'automne

Q: J'ai de l'ail québécois d'automne. Quand faut-il le planter? Est-il nécessaire de le traiter avant de le mettre en terre?

Renée Major, Saint-Jérome.

R: L'ail pour fin de consommation (ail à col dur, ail «Music» ail éléphant, ail rose, etc.) peut être planté jusqu'au moment où le sol gèle en permanence, habituellement vers la mi-novembre mais parfois plus tardivement. On dépose les bulbes à une quinzaine de centimètres les uns des autres, à une profondeur permettant de les recouvrir de 3 à 4 cm de terreau. Le sol doit être riche et l'endroit ensoleillé. La récolte devrait avoir lieu fin juillet-début août. Vous pouvez aussi procéder au printemps mais, dans ce cas, la récolte sera plus tardive, moins abondante et les gousses seront plus petites. Les bulbes n'ont pas besoin d'être traités avant la plantation.