Cette résidence honorée d'un prix émérite par l'Opération patrimoine architectural de Montréal, cuvée automne 2009, est habitée par le couple propriétaire depuis 10 ans, avec trois chiens, les deux grands fils ayant désormais quitté le nid familial. Au moment où La Presse l'a visitée, une équipe de tournage venait de quitter les lieux. «Les cinéastes américains connaissent notre maison, elle reproduit bien l'ambiance de Manhattan», explique la propriétaire.
La demeure recèle, derrière une façade sobre, des espaces de vie magnifiques, particulièrement celui créé par une talentueuse réfection du demi-sous-sol et du grand jardin adjacent, un privilège inestimable en plein centre-ville.
On a excavé pour acquérir une belle hauteur de plafond (9 pieds) et toute la surface du logement locatif a été récupérée pour réaliser une immense cuisine, dessinée par Verte Campagne, avec ses deux fours et sa cuisinière La Cornue, riche de porcelaine et d'une belle rampe de laiton. Un mur latéral sans fenêtre reçoit tous les appareils et la «bibliothèque culinaire». Le plafond montre une jolie charpente de bois blanc - traverses et planches de 4 pouces -, entièrement neuve bien qu'elle semble avoir toujours été là. Le béton anthracite du comptoir, qui prend de la patine avec les années, jouxte une étagère du même béton, abritant un petit cellier à sa base, un four à micro-ondes à mi-hauteur et un four à vapeur dans la niche supérieure.
De hautes portes trouvées chez un antiquaire ferment des espaces de rangement côté façade et donnent accès à la cour par un bout de mur latéral. Le blanc omniprésent - couleur de la longue table, des 12 chaises et même du plancher de béton verni - se marie avec bonheur avec le mur du fond, entièrement vitré, avec des carreaux de plomb récupérés d'une autre maison et des vitres biseautées, en un ensemble de quatre larges panneaux dont les deux du centre forment les portes.
Jardin privé
L'enchantement se poursuit dehors, dans un grand jardin à l'abri des regards des très nombreux voisins environnants - un immeuble voisin est presque dans la cour. «Nous nous sommes inspirés des maisons marocaines, construites autour d'une cour intérieure», explique la propriétaire. Dans ce grand espace carré, trois rectangles forment un U autour d'un couloir de natation. Au fond, un toit protecteur avec pente, en forme d'éventail, laisse voir un coin de ciel au dessus de la piscine. Côté maison: une large terrasse au rez-de-chaussée fait un toit au plan de la cour, toit muni de deux puits de lumière.
La maison a été refaite de fond en comble, quelque quatorze pièces sur deux étages plus le sous-sol, avec une touche artistique fine, loin de toute surcharge. Les planchers de fines lattes de bois franc teint brun doivent être cirés deux fois par année. Le chauffage - des calorifères à eau - est passé du mazout au gaz naturel. L'électricité, la plomberie, les fenêtres de bois et le toit plat ont été refaits.
La petite cuisine du haut, curieusement exiguë parmi ces grandes pièces, gagne en volume et en poésie par son nouveau plafond en pointe de tétraèdre, charpente de bois blanc s'insinuant dans l'espace plafond-plancher.