Nicolas Lacelle est tout un modèle pour les jeunes. Plus tôt ce mois-ci, il est devenu le seul professeur francophone hors Québec à recevoir le Prix du premier ministre pour l'excellence dans l'enseignement, parmi les 50 récipiendaires nationaux.

L'accolade est flatteuse, mais «gênante» quand on a la vocation de guider la jeunesse, dit-il.

Le lauréat a débuté sa carrière en enseignement en 1999, dans l'Est ontarien. Il débarque à l'École secondaire catholique de Plantagenet (ESCP) l'année suivante. Trois ans plus tard, il s'accapare du cours (et de la troupe) de théâtre. Éventuellement, il prend aussi les rênes de l'équipe d'improvisation de l'école. Des fonctions qu'il conserve et qu'il chérit à ce jour.

La passion d'«enseigner»

Mais le professeur de 33 ans «enseigne» depuis son adolescence. «J'ai commencé à un jeune âge à être alentour des jeunes», souligne-t-il.

Dès son premier travail un emploi à temps partiel au guichet d'informations du complexe sportif de Hawkesbury, sa ville natale , il transigeait avec les jeunes.

Un échange qui se poursuit quand il gravit les échelons et devient coordonnateur de camp pendant deux étés. À chaque instant, c'est le contact personnalisé avec les adolescents qui le motive.

Viendra ensuite son implication au sein de l'organisme des Grands Frères, où il devient un modèle et un confident pour les enfants perturbateurs.

«J'ai toujours eu les cas difficiles. On me référait les cas problématiques», affirme celui qui excelle devant de tels défis.

Ses succès auprès les autres jeunes attirent l'attention au sein de la communauté. Alors qu'il termine son secondaire, on le met en charge du parc Old Mill de Hawkesbury, un quartier à problème de l'endroit. À 16 ans, il devient alors un modèle pour des jeunes défavorisés, souvent plus âgés que lui.

«Pour la première fois dans ma vie, je doutais de mes habiletés. Mais tout s'est bien déroulé et c'est là que j'ai réalisé que je pouvais faire une différence, dit-il en toute humilité. C'est de là que ça vient la piqûre.»

Toutes ces expériences allaient façonner le parcours du futur professeur... même s'il avait choisi son métier depuis bien longtemps, vers l'âge de 12 ans!

«C'est à ce moment-là que je me suis questionné pour déterminer où je pourrais faire une différence. C'est là que j'ai eu le flash. Par la suite, tous mes choix dans la vie ont été orientés en fonction de l'enseignement.»

Aujourd'hui, Nicolas Lacelle, spécialiste en enfance, brille en tant qu'enseignant. L'un des professeurs les plus populaires à l'ESCP, il explique que son approche différente semble être l'élément qui allume les jeunes.

Oser prendre des risques

«Il faut que tu prennes des risques. Je pense que c'est ma grande force. De façon générale, il ne faut pas avoir peur d'être anticonformiste pour aller les rejoindre. Pour changer l'humain, il faut le provoquer», soutient-il.

Cette méthode hors-norme est particulièrement observable dans les pièces de théâtre de la troupe parascolaire L'ESPrit d'show, reconnue pour ses oeuvres audacieuses et originales.

La participation des jeunes est d'ailleurs encouragée et valorisée par le professeur. «Je ne veux pas être un marionnettiste. Il faut accepter les idées des jeunes. Chacun a son idée, il l'a développé et il en est fier. Je prône la méthode par découverte qui permet de se découvrir tant par ses succès que ses erreurs.»

L'enseignement imposé, à sens unique, est donc proscrit.

«Ce sont nos gestes qui nous définissent. Ceux qui ont la vocation sont capables de faire des liens avec les jeunes.»

Clairement, le courant passe avec Nicolas Lacelle.