Le groupe chinois qui tente d'acheter la minière québécoise Canadian Royalties a subi un premier revers, hier, victime d'une firme de Toronto qui veut bloquer la transaction. Le groupe a prolongé son offre jusqu'au 10 novembre sans la changer d'un iota, affirmant toutefois qu'il s'agit de sa «dernière extension».

Jien Canada, formé par le géant chinois Jilin Jien et de la minière Vancouver Goldbrook, a convaincu suffisamment d'actionnaires de Canadian Royalties de lui céder les rênes de la société, mais s'est fait fermer la porte par ceux qui avaient prêté de l'argent à l'entreprise.

Pour avaler Canadian Royalties, Jien devait mettre la main sur les deux tiers des «débentures de premier rang», soit des titres de prêt, avant mardi, 17h. Or, elle n'en a récolté que 60%.

«Sur la base du niveau des offres reçues, nous avons décidé de prolonger les offres une dernière fois et de confirmer qu'il s'agit de nos offres finales», écrit Jien dans un communiqué publié hier. Les porteurs de titres ont donc jusqu'au 10 novembre pour prendre - de nouveau - leur décision.

Si la transaction a avorté, c'est en grande partie à cause de Jaguar Financial, une firme de Toronto qui a tout fait pour la faire dérailler. Jaguar prétend que la transaction favorise les actionnaires au détriment des détenteurs de débentures.

Jien offre 80 cents par action de Canadian Royalties et 80 cents pour chaque dollar prêté à l'entreprise.

Or, l'entente qui lie les prêteurs à Canadian Royalties stipule qu'en cas de prise de contrôle, ceux-ci recevront 1,01$ pour chaque dollar prêté. L'offre de Jien Canada retire ce droit aux prêteurs et ne leur offre que 80 cents pour chaque dollar.

En entrevue à La Presse Affaires, hier, le président de Jaguar, Vic Alboini, s'est réjoui de la tournure des événements. «Nous avons prédit que la transaction échouerait et elle a échoué, a-t-il dit. J'aimerais rappeler qu'il y a un groupe de détenteurs qui ne veulent pas remettre leurs débentures à ce prix. Et Jien ne pourra pas acheter cette société si elle ne revoit pas son offre.»

M. Alboini affirme avoir de son côté des prêteurs qui possèdent plus de 32% des débentures. Notons que deux importants prêteurs, la Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité FTQ, ont choisi de remettre leurs titres à Jien.

La guerre des nerfs se poursuit donc dans le dossier de cette petite minière québécoise qui a découvert d'importantes réserves de nickel au Nunavik, mais n'a pu trouver les fonds nécessaires pour les exploiter.

Le titre de Canadian Royalties a chuté de 4 cents, ou 5,7%, hier, pour clôturer à 66 cents.