Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, ne veut pas expliquer pourquoi il n'a pas demandé en février 2003 à l'ancien haut fonctionnaire André Delisle les raisons de sa démission, annoncée dès qu'il a appris que Robert Abdallah allait devenir directeur général de la Ville.

Directeur général par intérim avant l'arrivée de M. Abdallah, M. Delisle a déclaré à La Presse, samedi, que contrairement à ce que le maire a dit à La Presse vendredi, Gérald Tremblay ne lui a jamais demandé en 2003 pourquoi il démissionnait subitement. M. Delisle a appris l'embauche de M. Abdallah, avec lequel il avait travaillé à Hydro-Québec, dans le bureau du maire, en présence de Frank Zampino, alors président du comité exécutif de Montréal et bras droit du maire.

«J'ai regardé Gérald Tremblay et je lui ai dit: dans ce cas, je démissionne sur-le-champ; il est hors de question que je travaille avec Robert Abdallah! Très bien, a dit le maire. Il ne m'a posé aucune question (Frank Zampino, non plus d'ailleurs), mais son langage non verbal était éloquent. Il était très surpris et contrarié. Deux ans et demi plus tard, Gérald Tremblay m'a appelé pour me parler de Robert Abdallah. Il m'a dit qu'il faisait une enquête. Je lui ai raconté ce que je savais», a dit samedi M. Delisle à la journaliste Michèle Ouimet, de La Presse.

Pourquoi, selon M. Delisle, Gérald Tremblay a-t-il attendu deux ans et demi avant de lui demander quelles étaient les véritables raisons de son départ? Hier matin, La Presse a demandé au maire Tremblay ses commentaires sur cette affaire. Il a dit qu'il avait fait «toutes les vérifications nécessaires» quand les services de M. Abdallah ont été retenus.

«Robert Abdallah a fait un bon travail pendant les années qu'il était avec nous et on a convenu, après qu'il ait eu terminé son travail, qu'il quitterait; alors, c'est d'un commun accord que ça s'est fait; alors, je ne pense pas que j'ai d'autres commentaires à faire sur cette histoire-là», a dit Gérald Tremblay.

La Presse a alors voulu savoir si, compte tenu des scandales et des enquêtes policières qui ont entaché la réputation de Montréal à l'étranger (ils ont encore été évoqués hier dans la presse européenne), le maire regrettait de ne pas avoir essayé de comprendre les raisons du départ de M. Delisle, dès 2003, en lui parlant franchement sur le sujet devant Frank Zampino.

«N'aurait-il pas été préférable de lui poser des questions ce jour-là plutôt que deux ans plus tard?» avons-nous demandé au maire. M. Tremblay a alors répété pratiquement la même phrase qu'il avait dite précédemment: «Ce que je vous dis, c'est que j'ai fait toutes les vérifications qui s'imposaient à ce moment-là et Robert Abdallah a fait un bon travail à la Ville de Montréal et on a convenu qu'après qu'il ait terminé son travail, qu'il quitterait d'un commun accord.»

Robert Abdallah a quitté la Ville de Montréal en mai 2006 sans qu'on sache vraiment pourquoi. En novembre 2008, il a été nommé à la tête d'une filiale de Simard-Beaudry, Gastier. Simard-Beaudry appartient à Tony Accurso, l'homme d'affaires qui a obtenu le controversé contrat des compteurs d'eau de la part de l'administration Tremblay. La Presse a tenté, en vain, de parler à M. Abdallah, hier. M. Delisle n'a pas souhaité ajouter de commentaires.