C'est en hochant la tête que l'ex-entraîneur de hockey Marcel Robert s'est reconnu «très, très coupable», hier, devant la Cour du Québec, d'avoir agressé sexuellement un jeune hockeyeur, le deuxième à porter plainte contre lui.

Ces agressions, survenues régulièrement de 1980 à 1986, comprenaient des actes de masturbation et de fellation. Il y a aussi eu un épisode de sodomie, qui a toutefois été interrompu parce que la victime avait trop mal. L'entraîneur est bien connu dans le sud-ouest de Montréal, où il a été entraîneur de ho-ckey bénévole pendant 30 ans. Ses problèmes ont commencé en 2008, après qu'un de ses anciens joueurs, maintenant presque trentenaire, eut porté plainte à la police pour des agressions sexuelles subies dans son enfance. M. Robert, qui est célibataire, n'a jamais nié. Il a plaidé coupable au mois de février dernier à des accusations d'attouchements et d'agression sexuelle à l'égard de ce jeune homme. Les sévices avaient commencé en 1987, alors que la victime avait 8 ans, et ont duré pendant près de 16 ans. «J'avais peur de lui quand j'étais jeune. Après, je ne sais pas pourquoi j'ai toffé si longtemps. C'était le grand ami de mon père», a déjà indiqué le jeune homme. Ce dernier croit que Robert a pu faire de nombreuses victimes.

Peur d'être jugé

De fait, une troisième victime s'est manifestée, mais la Couronne n'a pas suffisamment d'éléments, jusqu'ici, pour porter des accusations. Il n'est pas facile de faire ressurgir un passé douloureux, et certains hésitent à s'embarquer dans la machine judiciaire. L'homme qui a été agressé de 1980 à 1986 par M. Robert a gardé le secret pendant près de 25 ans.

«C'était refoulé en dedans. J'avais peur d'être jugé. La première personne à qui j'en ai parlé, c'est ma conjointe, parce que, après avoir écouté un film sur un joueur de hockey à qui c'était arrivé, je me suis mis à pleurer.»

Marcel Robert passait pour un «dieu» dans le quartier, selon les victimes et leur entourage. «Moi, j'ai de la rage, car tu mets ta confiance dans ces personnes-là, et après tu t'en veux», a dit la mère de l'une des victimes.

Marcel Leroux, âgé d'une quarantaine d'années, a eu l'accusé comme entraîneur dans sa jeunesse. «Quand je l'ai su, j'ai pris ça comme une grande claque sur la gueule. C'était mon passé qui s'écroulait. Je suis allé le trouver chez lui, et il m'a avoué que c'était vrai», relate M. Leroux, qui n'a heureusement jamais subi d'agressions lui-même. L'accusé retournera devant le juge Claude Parent le 1er octobre, pour les plaidoiries sur la peine.