Mariée en Algérie à un homme qu'elle venait tout juste de connaître, une femme de 29 ans affirme avoir été victime de violence physique, verbale et sexuelle après être venue rejoindre son mari au Canada. Le procès de l'homme de 46 ans, aussi accusé de voies de fait contre deux de ses trois enfants, a commencé mercredi, devant jury, à Montréal.

Assistée d'un interprète, la femme est le premier témoin que la procureure de la Couronne, Geneviève Côté, a appelé à la barre. Elle a expliqué qu'elle a vu pour la première fois celui qui devait devenir son mari lorsqu'il est venu demander sa main à sa mère, en Algérie, en 2000. Elle avait 19 ans; il en avait 36. Les deux familles se connaissaient. Le mariage a été célébré deux semaines plus tard.

Selon madame, au début, les relations étaient normales, mais monsieur s'est rapidement montré jaloux. Elle n'avait plus le droit de saluer les voisins ni de leur rendre les politesses, dit-elle. Au bout de quatre mois, son mari est rentré au Canada.

«Il m'a laissée enceinte de jumeaux», a-t-elle expliqué.

Elle vivait chez sa propre mère, et il envoyait de l'argent du Canada à sa mère à lui, pour qu'elle en donne à madame, mais ce n'était pas suffisant, selon elle. Elle soutient qu'elle n'a jamais eu le numéro de téléphone de son mari au Canada, malgré son insistance pour l'obtenir.

Elle a perdu un des jumeaux à l'accouchement. Le père est retourné en Algérie cinq ou six mois après la naissance. Il est resté quatre mois, puis il est reparti au Canada.

Finalement, après avoir rempli les formalités d'immigration, madame est venue au Canada le 26 décembre 2002. Elle est allée rejoindre son mari à Banff, où il travaillait comme chef pâtissier dans un hôtel. C'est là que la violence a commencé, selon elle.

Une nuit, en 2003, alors qu'elle allaitait son nourrisson, le père, qui devait se lever très tôt, lui aurait donné un coup de poing à l'épaule parce qu'elle le dérangeait en parlant au bébé. Il hurlait et lui a dit d'aller dans l'autre pièce. À partir de ce moment, ils ont fait chambre à part dans cet appartement de trois pièces. Lui dormait dans la chambre et elle dans le salon, avec le bébé. «Il ne m'a pas demandé de revenir dans la chambre. Il me sollicitait juste pour les relations sexuelles, car il voulait avoir des enfants.» Elle est effectivement de nouveau tombée enceinte.

Le procès, qui a été interrompu dès la première journée pour qu'un point de droit puisse être débattu, doit reprendre aujourd'hui. Dans son exposé d'ouverture, Me Côté a fait valoir qu'il y avait eu de nombreux épisodes de violence. La jeune femme a porté plainte en 2008, et le divorce a été prononcé au mois de janvier dernier.