Alors que les vacances de la construction ont pris fin dimanche, l'industrie touristique du Québec dresse un bilan positif de l'été. Et le beau temps a joué pour beaucoup.

Michel Boudreau, propriétaire du gîte Au Presbytère à Percé, semblait heureux lorsque La Presse l'a joint dimanche soir. Les affaires sont bonnes, cet été. «La dernière semaine de juillet a été très forte, a-t-il dit. Et cette semaine, j'ai eu beaucoup de demandes de Québécois qui ont décidé à la dernière minute de venir en Gaspésie.» Autre bonne nouvelle : le mois d'août s'annonce plus occupé qu'à l'habitude, a indiqué M. Boudreau.

Il n'est pas le seul à se réjouir du tourisme. Que ce soit en région ou en ville, le tourisme d'agrément a sans doute connu une «excellente saison» cette année, selon Paul Arseneault, directeur du Réseau de veille en tourisme de l'UQAM.

Tous les acteurs de l'industrie le répètent : il est encore trop tôt pour chiffrer le tourisme avec des indicateurs précis. Selon M. Arseneault, on peut toutefois s'attendre à une meilleure saison que les deux années précédentes.

«Contrairement aux étés 2008 et 2009, la température a été excellente depuis le début de l'été, y compris pendant les vacances de la construction, note M. Arseneault. Pour le tourisme intra-Québec, la météo est décisive dans le choix de voyager ou non.»

La relance économique explique également ce regain du tourisme, selon Paul Arseneault. «Les Ontariens vont recommencer à voyager et les Américains vont sortir de leur torpeur», prévoit le professeur.

En mai, l'aéroport Montréal-Trudeau a enregistré une légère hausse des arrivées en provenance des États-Unis, souligne Pierre Bellerose, vice-président de Tourisme Montréal. L'organisme confirme que Montréal a connu un bon début d'été. Le mois de juin a établi sa meilleure performance en 30 ans : le nombre de visiteurs a bondi de 26% en juin grâce au retour de la Formule 1 et à un important congrès mondial.

Tourisme Montréal s'attend à un mois de juillet «moyen», mais le tourisme devrait reprendre de plus belle au mois d'août en raison des nombreux congrès prévus à Montréal. Les chiffres pour juillet ne sont pas encore disponibles.

Les organisateurs des principaux festivals à Montréal et à Québec dressent également un bilan provisoire positif, selon Luc Fournier, représentant sortant du Regroupement des événements majeurs internationaux.

«Plusieurs ont constaté une importante affluence dans les rues», indique M. Fournier. Il souligne aussi que le profil de cette clientèle n'a pas encore été établi.

Timides visites des Américains

L'affluence aux douanes de Saint-Bernard-de-Lacolle a augmenté cette année, indique Dominic McNeely, porte-parole de l'Agence des services frontaliers. Chaque fin de semaine cet été, on reçoit de 5 à 10% plus de trafic qu'à la même période l'année dernière», observe-t-il.

Une guérite temporaire a été installée à la Saint-Jean-Baptiste, et une trentaine d'agents supplémentaires sont en poste. Dimanche après-midi, les automobilistes attendaient seulement cinq minutes avant d'entrer au Canada. La file était probablement plus longue il y a 10 ans. Le nombre de touristes américains en visite au Québec a diminué de 40 % depuis 2002. «Même si 2010 s'annonce meilleure que l'année dernière, on reste beaucoup en arrière des niveaux enregistrés vers 2000», confirme M. McNeely. Le Québec n'est pas seul. Durant la même période, le Canada a enregistré une baisse de 20 % du tourisme étranger.

Car la compétition est forte. Cette baisse survient alors qu'à l'échelle de la planète, le tourisme a augmenté de 30% dans la dernière décennie. Sur quoi le Québec peut-il miser pour attirer les voisins du Sud? «La nature est très belle ici, je viens pour en profiter à Mont-Tremblant, et aussi pour visiter ma soeur, raconte Pat Riley, résidant de Richmond. Chez nous, en Virginie, le Québec n'est pas complètement méconnu, mais ce n'est pas le premier endroit auquel on pense avant de partir en vacances. Il y a plusieurs autres choix autour.» Il indique que la hausse relative du dollar canadien n'a jamais vraiment influencé son choix de destination. Mais il ne prévoit pas magasiner durant son séjour.

La majorité des touristes rencontrés dimanche aux douanes de Lacolle étaient des Québécois de retour des plages de la côte est américaine. Tous ont indiqué que la météo, et non le taux de change ou la situation économique, était le premier facteur expliquant leur choix de destination. Maryse Blanchette revenait des plages de Wildwood au New Jersey. «Ce qui nous y attire? C'est simple, la mer et le soleil. On y retourne depuis quelques années pour en profiter», a répondu la mère de famille.

Plusieurs en profitent aussi pour faire des emplettes. «Il n'y a presque pas de taxe sur les vêtements au New Jersey. Mon t-shirt Nike coûtait seulement 10$», a lancé le Québécois Nicholas Sakkas en montrant sa longue facture d'achats faits dans un magasin entrepôt. Songerait-il à prendre ses vacances au Québec? «À notre prochain congé, on aimerait plutôt aller au Mexique. C'est rapide en avion, il fait chaud et ça ne coûte pas trop cher.»