Dans la population mohawk, le personnage de Kateri Tekakwitha est loin de faire l'unanimité. Vénérée par les catholiques, elle est largement ignorée par les traditionalistes, qui la voient comme une simple victime du colonialisme.

«Il y a ceux qui prennent sa cause à coeur et ceux qui s'en fichent complètement», résume Darren Bonaparte, auteur du livre Mohawk Saint, une biographie de Kateri Tekakwitha.

 

«Même dans ma propre famille, on ne s'entend pas sur la question», ajoute soeur Kateri Mitchell, Mohawk d'Akwesasne et présidente de la Tekakwitha Conference, organisme américain voué à la cause de Kateri.

Controversée malgré elle, la bienheureuse Kateri n'en demeure pas moins un symbole fort. Sa canonisation ferait d'elle la deuxième sainte autochtone d'Amérique du Nord après la célèbre virgen de Guadalupe mexicaine.

Pour Darren Bonaparte, il ne fait aucun doute que ce geste hautement significatif aurait valeur de réconciliation puisqu'il permettrait à l'Église catholique «de rétablir les ponts» avec les autochtones.

Il croit en outre que cela cristalliserait une autre image du Mohawk, loin des clichés habituels. «Pour une fois, ce ne serait pas le méchant qui fait l'actualité pour des histoires de contrebande et de cigarettes, mais une personne à part entière, à laquelle l'Américain et le Canadien moyen peuvent s'identifier. Il faut cesser de croire que nous vivons sur deux planètes différentes.»