Déterminée à dissuader les honnêtes citoyens de s'acoquiner à des importateurs de drogue, la Couronne fédérale a requis en Cour du Québec, hier, des peines de six et huit ans de pénitencier à une jeune mère de famille et à un chauffeur de taxi qui ont agi à titre de passeurs pour la mafia montréalaise.

«Ce sont ces personnes que les contrebandiers privilégient pour faire entrer la drogue. N'ayant pas de casier judiciaire, elles ont plus de chance de passer les douanes sans encombre», a souligné Me Sabrina Delli'Fraine dans sa plaidoirie sur la peine à infliger à Julie Châteauneuf-Fleury et Jean-Fritz Balmir, arrêtés dans le cadre de l'opération antimafia Colisée, en novembre 2006.

Âgée de 28 ans, Julie Châteauneuf-Fleury étudiait pour devenir infirmière, à la fin de 2005, quand elle a été présentée à un certain Alex. Après quelques rencontres et plusieurs coups de fil, celui qui était en réalité le narcotrafiquant Ray Kahno lui a offert 30 000$ pour rapporter du Venezuela une valise contenant 30kg de cocaïne.

Après un brin d'hésitation, elle a accepté. La récompense était belle - cela lui permettrait d'éponger ses dettes - et le risque grandement atténué par l'utilisation d'une déclaration de douane E-311 tamponnée à l'avance par une douanière complice de l'organisation de Kahno. Le précieux document lui éviterait d'être fouillée à son retour à l'aéroport Montréal-Trudeau, le 17 avril 2006. Le projet d'importation a toutefois été annulé à la dernière minute, deux autres passagers de l'avion ayant été interpellés avant le départ du Venezuela.

Invoquant une «constellation» de facteurs atténuants, dont le fait «qu'elle n'a jamais eu la vie tellement facile et qu'elle est maintenant la mère d'un bébé de 6 mois», son avocat, Bruno Ménard, estime qu'une peine avec sursis servirait les intérêts de la justice.

De l'avis du ministère public, Jean-Fritz Balmir a reçu huit ans de pénitencier pour sa participation à une tentative d'importation de 9kg de cocaïne en provenance d'Haïti, le 27 septembre 2007. Décrit comme un passeur «de premier ordre», Jean-Fritz Balmir était accompagné de deux autres passeurs lors de son séjour en Haïti. Le coup a échoué après que l'un d'eux eut été épinglé avec la cocaïne au moment de l'embarquement à l'aéroport de Port-au-Prince. La preuve tendrait à démontrer que le groupe avait réussi quelques mois plus tôt à passer 8kg de cocaïne à l'aéroport Montréal-Trudeau.

Dans le cas de l'ancien chauffeur de taxi, le juge Claude Millette rendra sa décision le 22 février. Il a réservé la date du 10 mars pour la peine de Julie Châteauneuf-Fleury.