Un juge de la Cour fédérale a ordonné lundi la libération, sous de strictes conditions, d'un présumé terroriste en grève de la faim.

Le juge Edmond Blanchard a estimé que Mohamed Zeki Mahjoub pouvait quitter un centre de détention de Bath, en Ontario, à condition qu'il se conforme à certaines restrictions.

Le mois dernier, Mahjoub avait déclaré avoir perdu 50 livres en faisant une grève de la faim, débutée en juin, pour protester contre ses conditions de détention. Il a été transféré la semaine passée dans un hôpital près de Kingston en raison de sa santé déclinante.

Le gouvernement canadien tente d'expulser Mahjoub du pays en vertu d'un certificat de sécurité parce qu'il serait membre d'un important groupe de terroristes islamistes égyptien.

Né en Égypte, l'homme de 50 ans est arrivé au Canada en 1995 et a obtenu le statut de réfugié. Il a été arrêté en juin 2000.

Mahjoub, qui est marié et père de trois enfants, avait déjà été libéré en avril 2007 sous des conditions équivalant à la résidence surveillée. Il avait toutefois demandé à retourner derrière les barreaux après que la famille qui le supervisait eut indiqué qu'elle n'avait plus les moyens de respecter les onéreuses conditions imposées par le tribunal.

Durant l'examen du dossier de Mahjoud, le gouvernement a soutenu que le présumé terroriste pourrait essayer d'entrer en contact avec des islamistes radicaux si ses conditions de détention étaient relâchées.

Le juge Blanchard a toutefois soutenu dans sa décision que le passage du temps avait réduit les risques.

«Je suis convaincu que, après près de 10 ans de détention et de libération sous conditions, la capacité de M. Mahjoub à communiquer avec des personnes des réseaux islamiques extrémistes a été enrayée», a-t-il déclaré dans son jugement.

Selon le document de 13 pages établissant les conditions de la libération, Mahjoub devra porter un bracelet électronique à la cheville qui permettra au personnel de l'Agence des services frontaliers du Canada de le surveiller en tout temps.

De plus, sa nouvelle résidence, qui devra être pré-appprouvée par les autorités, sera munie de caméras de surveillance et ses sorties, ses communications personnelles et ses visiteurs seront étroitement controlés. Il n'aura pas le droit d'utiliser Internet, ses appels téléphoniques et son courrier seront interceptés, et son passeport demeurera entre les mains des fonctionnaires fédéraux.

Trois autres hommes, Mohamed Harkat, Hassan Almrei et Mahmoud Jaballah, font également face à une expulsion du Canada en raison de certificats de sécurité.

Les tribunaux ont graduellement adouci les conditions de détention des personnes visées par les certificats, faisant de Mahjoub le seul détenu de la prison de Bath.