Des politiciens, des artistes et de simples citoyens se sont entassés dans l'église Saint-Jean-Baptiste à Montréal aujourd'hui pour rendre un vibrant hommage à Pierre Falardeau.

C'est sous une pluie d'applaudissements que près d'un millier de personnes ont accueilli le cercueil drapé du drapeau fleurdelisé porté par les deux fils du cinéaste, Jules et Jérémy. Beaucoup pleuraient à chaudes larmes alors que quelques autres ont scandé «liberté», le poing dans les airs.

Plusieurs proches ont pris la parole durant la cérémonie religieuse, dont les deux frères du défunt et les comédiens Luc Picard, Julien Poulin et Sylvie Drapeau.

Mais le discours qui a suscité le plus de réactions est sans aucun doute celui de Jules Falardeau, qui s'en est pris «à une poignée de journalistes à l'éthique douteuse», écorchant au passage certaines élites politiques.

«Merci pour tout, tu m'as donné le goût d'être un Québécois fier, le goût de ne pas ramper sur le sol. Tu m'as transmis la haine de nos ennemis et tu m'as donné le goût de me battre chaque jour pour la liberté», a-t-il lancé avant d'éclater en sanglots.

«Certains journalistes ont affirmé que les jeunes ne se reconnaissaient pas dans sa vision de la souveraineté, mais je dirais que c'est plutôt les jeunes qui ne se reconnaissent pas dans celle des élites politiques», a-t-il ajouté. «Mon père était un homme qui ne plie pas l'échine et c'est très dur à accepter, un intellectuel qui n'est pas colonisé.»

Il a également demandé au Parti québécois de ne pas marginaliser les militants «purs et durs» de la souveraineté.

«Le Parti québécois doit comprendre: vous devez être le levier politique vers l'indépendance, sans quoi, vous n'avez aucune raison d'exister. Vous devez regagner la confiance des Québécois.»

Un message sans doute adressé aux ténors de la souveraineté présents aux obsèques dont Gilles Duceppe, Pauline Marois, Bernard Landry et Jacques Parizeau.

Témoignages émouvants

Plusieurs autres personnalités étaient présentes à la cérémonie dont Amir Khadir, Gérald Larose, Éric Lapointe, Paul Piché, Sylvie Léonard, Louis Bélanger, Julie Snyder et Pierre-Karl Péladeau. En tout, la commémoration a duré deux heures.

Le frère du défunt, Jean Falardeau, a livré un témoignage émouvant sur la personnalité du libre penseur tout au long de sa vie.

«Tu te souviens, Pierre, à la patinoire, un gars m'avait rentré dans la bande et tu t'es rué sur lui comme un tigre. Tu auras été comme cela toute ta vie... Tu en étais qu'au douzième round. Il t'en restait quatre... Ce n'est pas juste, Pierre, la plupart des dictateurs meurent centenaires.»

«Il avait l'art de la formule», a pour sa part ajouté le comédien Luc Picard. «À chaque fois qu'il prenait la parole il se révélait, car il parlait avec son âme.»

«Falardeau, aujourd'hui le Québec résonne de ton silence», a confié son ami le comédien Julien Poulin, qui a incarné Elvis Gratton. «Merci Fafa pour cette histoire partagée, merci pour cette amitié. Salut Falardeau, salut l'homme, salut l'artiste!»

Pierre Falardeau est décédé le 27 septembre à l'unité de soins palliatifs de l'Hôpital Notre-Dame à Montréal. Il a été emporté par un cancer à l'âge de 62 ans.

Photo Bernard Brault, La Presse

Le comédien Julien Poulin, inséparable complice du défunt, a livré un discours poignant.