Le président français, Nicolas Sarkozy, a été hospitalisé dimanche après avoir subi un malaise lors d'une séance de course à pied à Versailles.

Selon un témoin cité par une chaîne de télévision locale, l'homme politique de 54 ans se serait «effondré» alors qu'il s'entraînait en compagnie de gardes du corps à proximité de la Lanterne, l'une des résidences officielles du président. L'Élysée, qui n'évoque pas d'évanouissement, a indiqué qu'il avait dû «interrompre son effort» et «s'allonger avec l'aide d'un proche». Le président a quitté l'hôpital lundi matin, en marchant. Aucun traitement médical ne lui a été prescrit, si ce n'est «un repos relatif de quelques jours».

Quoi qu'il en soit, dimanche, le président a été immédiatement pris en charge par son médecin personnel avant d'être transporté en hélicoptère à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, dans le 5e arrondissement de Paris, pour une série de tests.

En fin de soirée, un communiqué officiel a indiqué que le président passerait la nuit à l'hôpital afin que «la surveillance cardiologique systématiquement pratiquée dans de telles circonstances» puisse se poursuivre. Il devrait reprendre ses activités normales dès demain.

Le député maire de Levallois, Patrick Balkany, proche de Nicolas Sarkozy, a déclaré qu'il avait été victime d'un «malaise vagal», qui peut entraîner une brève période d'évanouissement mais n'est pas considéré comme grave. Ce malaise peut notamment être provoqué par un effort intense en période de forte chaleur, comme c'était le cas hier en région parisienne.

L'incident, survenu vers 13h30, a été rapidement confirmé par l'Élysée, soucieuse d'éviter toute dramatisation inutile dans les médias.

Attroupement à l'hôpital

Des dizaines de cars de télévision se sont stationnés devant l'entrée de l'hôpital, où plusieurs dizaines de journalistes faisaient le pied de grue lors du passage de La Presse en début de soirée. Quelques dizaines de quidams complétaient le tableau.

Odile, une femme de 49 ans, s'était arrêtée par curiosité après avoir eu vent de l'hospitalisation du président. «Ça peut arriver à n'importe qui, alors pourquoi pas à lui?» a souligné la femme, qui ne s'inquiétait pas trop pour la santé du chef d'État.

Aucune inquiétude non plus de la part de Jeanne Fratellini, une élégante résidante du quartier, qui n'en revenait pas de voir des gens s'agglutiner devant l'hôpital.

«Si jamais il claque, ils pourront dire qu'ils y étaient», a ironisé la dame de 76 ans, qui a elle-même connu plusieurs malaises vagaux. «Ce n'est rien du tout. J'en ai eu trois dans ma vie. Chaque fois, j'étais de retour au travail cinq minutes plus tard», a-t-elle souligné, en s'emportant contre le fait que les médias allaient «la bassiner avec cette histoire» toute la soirée.

«Je pense que je vais regarder des DVD pour éviter ça», a-t-elle conclu avant d'échanger quelques piques avec André Bazingue, un autre résidant du quartier, venu se poster devant l'établissement, appareil photo au cou, dans l'espoir de pouvoir photographier la sortie du président.

Adepte de «photoreportage amateur», ce psychologue de carrière se perdait en conjectures sur les causes du malaise du président et son éventuel impact.

«Sarkozy, c'est un turbo permanent. Une fois qu'il a donné des signes de faiblesse, il ne pourra plus jamais être le même», a-t-il avancé en évoquant l'exemple du Roi Soleil, Louis XIV, incommodé par une fistule alors qu'il était à l'apogée de sa gloire.

«Les choses n'ont plus jamais été les mêmes après pour lui», souligne M. Bazingue.

La santé des chefs d'État français constitue un sujet délicat en France, plusieurs présidents ayant été accusés de manque de transparence à ce sujet. François Mitterrand avait notamment dissimulé pendant plusieurs années qu'il souffrait d'un cancer.

Durant la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait promis de publier annuellement un bulletin de santé. Son entourage avait néanmoins passé sous silence à la fin de cette année-là le fait qu'il avait dû être brièvement hospitalisé pour le traitement d'une angine.

Le plus récent bulletin de santé du président, paru au début du mois, indiquait que les résultats de ses derniers examens étaient «normaux».

 

Le malaise vagal

Le malaise vagal, souvent provoqué par un effort important sous une forte chaleur, peut entraîner une perte de connaissance temporaire, mais il n'est pas d'ordinaire considéré comme grave. Il tire son nom du nerf vague, dont l'une des fonctions contribue à ralentir les battements du coeur et à abaisser la tension artérielle. Le cerveau recevant brusquement moins d'oxygène, le malaise apparaît.