En 2001, Nicolas Bergeron complétait des études postdoctorales en psychiatrie dans un hôpital de New York. De la fenêtre de son bureau au Cabrini Medical Center il voyait les tours jumelles du World Trade Center. Le 11 septembre, l'impensable survient. Et Nicolas Bergeron décide de faire sa part pour porter secours aux rescapés de l'écrasement des tours.

Ces jours fébriles, où il sera aidant, mais aussi victime, comme tous les New Yorkais assommés par la tragédie, seront marquants. «C'est vraiment plus tard que j'ai réalisé l'expérience intime que j'avais vécue», raconte-t-il de son bureau à l'Hôtel-Dieu de Montréal. «On a vu des gens perdus, qui avaient perdu des proches. Des mères qui venaient avec leurs enfants, qui avaient perdu leur père, et dont on cherchait encore le corps après deux semaines.»

Ce travail à New York a donné une sorte de piqûre au docteur Bergeron, aujourd'hui âgé de 41 ans : celle de l'aide internationale. Depuis trois ans, le psychiatre a succédé à Réjean Thomas à la tête de l'organisme Médecins du monde. Il a visité Cité-soleil, le plus grand bidonville de Port-au-Prince. Il a oeuvré dans une clinique d'aide aux femmes violentées du Nicaragua.

Lorsque la population vit dans de telles conditions, la santé mentale est souvent la dernière des priorités. «La santé mentale en Haïti, c'est inexistant, c'est une catastrophe. Pour 9,9 millions d'habitants, il y a 23 psychiatres. Bien sûr, on ne peut pas reconstruire un système de santé. Mais on peut contribuer», dit-il.

Le principal défi du président, c'est de trouver des médecins pour un séjour à l'étranger. Plusieurs médecins québécois hésitent à s'absenter pendant des mois. «Notre recrutement se fait au compte-gouttes. Il faut trouver un nouveau concept de missions courtes, mais régulières», dit-il. Comme ces plasticiens, par exemple, qui, en quelques semaines en Haïti, on corrigé les becs-de-lièvres de dizaines d'enfants.

Fils d'un père scientifique et d'une mère écrivaine, le docteur Bergeron a longtemps balancé entre la science et les arts. Il a finalement opté pour la psychiatrie, «la branche la plus artistique de la médecine». Le «deuil du stéthoscope» s'est fait sans trop de mal, d'autant plus que sa spécialité, la psychiatrie médicale, l'amène à être en contact constant avec ses collègues de d'autres disciplines. Le docteur Bergeron s'occupe en effet de la santé mentale des patients de d'autres unités. Grands brûlés, cardiologie, gériatrie.

Et il s'occupe aussi de sa petite famille : depuis l'effondrement des tours jumelles en 2001, il a eu trois enfants.