«Le clown offre toujours un clin d'oeil sur l'inaperçu. C'est pour cela qu'ils sont mal perçus dans notre monde. Parce qu'ils voient des choses que les autres ne voient pas. Ce sont des visionnaires. Je connais un clown, Paolo Doss. Sa seule présence donne envie de rire. C'est quelqu'un qui ne fait pas une cassure entre son présent de clown et la réalité du monde», témoigne l'anthropologue Luce Desaulniers.

Au cours des derniers jours, des clowns thérapeutiques, qui côtoient de près l'isolement, la maladie, l'angoisse de la mort, ont raconté à La Presse certains de leurs souvenirs les plus marquants.

 

«Je me souviens d'un monsieur qui avait été très réfractaire à nos visites au début. Puis, il a changé ses horaires de physiothérapie pour nous voir. Il enseignait aux clowns à méditer, nous racontait des histoires zen. Ce jeu a duré plusieurs mois. Il avait pris avec nous la position d'enseignant, c'est lui qui orchestrait le jeu.»

Florence Vinit, Ph. D. en sociologie, alias Dre Amandine

«Pendant trois ans, je voyais régulièrement une femme presque centenaire qui avait hâte de mourir. Quand on se voyait, elle me demandait, exaspérée: «Pourquoi je ne meurs pas?» Comme elle avait un très bon sens de l'humour, nous avons instauré un jeu qui consistait à «pratiquer» sa mort. Je lui disais de rester bien droite, de ramener ses bras contre elle, comme si elle était dans un cercueil. Et puis on jasait, on faisait la liste des pour et des contre de sa vie. Un jour, elle est morte. Nous sommes allés à ses funérailles.»

Mélissa Holland, alias Dre Fifi

«L'autre jour, j'étais avec un autre Dr Clown et nous parlions avec une dame atteinte d'alzheimer. Elle nous racontait qu'elle venait de manger du gâteau au chocolat. L'autre Dr Clown lui a dit qu'il était déçu qu'elle ne lui en ait pas gardé un peu. La dame m'a alors regardée en disant que oui, il en avait mangé mais qu'il ne s'en souvenait pas, comme si l'autre clown souffrait d'alzheimer. Ce qui l'a amenée à parler de sa maladie en la projetant sur le clown.»

Laura Lacoste, alias Dre Oups

«Si j'entre dans un hôpital sans mon costume, je remarque une lourdeur, une tristesse. Mais une fois qu'on est dans notre personnage, ça change. Il y a un rythme, une énergie qui s'installent. Tu vois la lumière dans les yeux des gens. On sait que quelque chose va se passer, que tout peut arriver. Il y a toute une histoire qui s'invente autour des clowns. C'est comme une comédie musicale!»

Dre Fifi