Ancien ingénieur minier, Colin Jardine en connaît long sur l'industrie minière. C'est d'ailleurs pourquoi il s'oppose avec vigueur à la réouverture de l'ancienne mine Suffield, dont certaines veines courent sous ses terres.

«Je ne suis pas contre le progrès, mais je m'oppose aux projets qui ne sont pas encadrés par une réglementation adéquate», lance-t-il.

 

Il y a deux ans déjà, en mai 2007, M. Jardine a reçu la visite d'Oliver Frank, le président de la compagnie allemande Silver Capital. Après un échange cordial dans le salon de la coquette demeure de M. Jardine, ce dernier lui a dit qu'il n'était tout simplement pas d'accord avec le projet.

«Ce serait tout bonnement catastrophique, estime-t-il. La forêt serait complètement rasée.»

Cela dit, les détails de la rencontre divergent selon la source. Alors que Colin Jardine soutient catégoriquement qu'on lui a présenté un projet de mine à ciel ouvert (ce qui lui fait craindre la coupe à blanc), le président de Globex, lié à Silver Capital dans ce projet, soutient au contraire qu'elle serait entièrement souterraine.

«Il s'agit d'un projet de mine souterraine, précise Jack Stoch. Il n'y aurait aucune expropriation, car il n'y a pas de maison sur l'ancienne mine. D'ailleurs, tous les résidants que nous avons rencontrés sont favorables au projet, sauf un.»

Pourtant, au cours des derniers jours, La Presse a pu parler à quatre propriétaires dont les terres sont à proximité de l'ancienne mine Suffield, et tous, sans exception, se sont dits opposés à la réouverture de la mine. Notons cependant que le propriétaire de la terre sur laquelle se trouvent les vestiges de l'ancienne mine n'a pu être joint.

«On devrait faire un parc de cet endroit magnifique, plutôt que de penser faire de l'exploitation minière, croit Gladys Beattie, une marcheuse croisée à quelques mètres de l'ancienne mine. Je vais certainement m'impliquer contre le projet et je crois que tout le monde fera la même chose dans le coin.»

Mme Beattie, tout comme un autre résidant rencontré (qui désire garder l'anonymat), se sont montrés inquiets de l'impact qu'aurait un tel projet sur leur approvisionnement en eau. Tous deux affirment que la mine Suffield est aujourd'hui un immense réservoir d'eau où ils alimentent leur domicile respectif.

Autre crainte: la possible contamination des environs, en particulier celle des lacs Magog et Massawippi. On souligne qu'il reste encore des séquelles des exploitations passées. Le drainage minier acide (DMA), un processus d'acidification des eaux de drainage dans les projets miniers, est en effet, encore aujourd'hui, une source importante de contamination pour les cours d'eau de la région.

Pour toutes ces raisons, l'opposition des citoyens pourrait être vive, estime Berthold Bérubé, un autre propriétaire des environs. «Parmi les riverains avec qui je me suis entretenu, personne n'est d'accord avec la réouverture de la mine, précise-t-il. Même que les propriétaires à proximité de la mine n'ont pas donné le droit à la compagnie de faire de la prospection.»

M. Bérubé, tout comme Mme Beattie, promet de se battre bec et ongles contre ce projet qui aurait à son avis d'importants impacts dans le secteur. «On va s'opposer à la réouverture de la mine d'une façon ou d'une autre, comme on s'est opposé dans le passé, avec succès, à ce que le site devienne un site d'enfouissement», ajoute-t-il.