Amir Khadir est le premier candidat de gauche élu sous une bannière de gauche. Mais ce n'est pas la première fois qu'une personne appartenant à la gauche plus radicale fait son entrée à l'Assemblée nationale, selon des experts consultés par La Presse.

«À part l'élection d'un communiste au fédéral dans l'après-guerre, c'est la première fois qu'un candidat clairement de gauche qui défend des idées clairement de gauche est élu, dit Jean-Marc Piotte, professeur émérite du département de science politique de l'UQAM. C'est sans précédent dans les élections québécoises.»

 

Mais au-delà de l'étiquette, l'Assemblée nationale a eu sa part de militants communautaires ou de syndicalistes, selon Alain-G. Gagnon, professeur au même département et détenteur de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes.

«À l'intérieur même du Parti québécois, il y a toujours eu une aile gauche très forte, mais une fois au pouvoir ils ont dû faire des concessions, dit M. Gagnon. Michel Bourdon, on ne peut pas être plus à gauche que lui. Et tout le monde connaît les différends que Louise Harel a eus avec René Lévesque.»

M. Gagnon pense par ailleurs que la circonscription de Mercier offre «un contexte tout à fait unique». «Mais je suis loin d'être sûr que l'arrivée de M. Khadir à Québec va faire un changement majeur. Il va se retrouver tout seul, sans ressources financières.»

M. Piotte n'est pas d'accord. «Son élection aura un impact sur tout le Québec», dit-il.

Françoise David, pour sa part ressent déjà «l'effet» Khadir. «On voit déjà toute la visibilité que ça apporte à Québec solidaire, dit-elle. On est convaincu qu'il va faire un très bon député.»

Khadir sur les traces de Mario Dumont?

Ironiquement, Amir Khadir va peut-être invoquer le précédent établi par Mario Dumont, qui a siégé comme seul représentant de son parti. En 1994, M. Dumont avait obtenu un budget de recherche de 67 500$, soit six fois plus que les 11 000$ alloués normalement à tous les députés.

Deux ans plus tard, le député libéral Pierre Paradis avait exigé que ce budget lui soit retiré, en accusant M. Dumont de l'avoir obtenu en échange de sa participation à la campagne référendaire de 1995 dans le camp du Oui. M. Paradis avait dû retirer ses propos par la suite.

À l'époque, M. Dumont pouvait plaider qu'il avait obtenu 250 000 votes et 10% des suffrages. Québec solidaire a fait deux fois moins: 123 000 votes et 3,8%.

À la base, M. Khadir devrait pouvoir partager avec un ou deux autres députés les services d'une secrétaire à l'Assemblée nationale. Il pourra aussi embaucher du personnel dans son bureau de circonscription. Au-delà de ces moyens de base, tout est renégocié au début de la législature, explique-t-on à l'Assemblée nationale.

M. Dumont s'était également battu pour obtenir plus de temps de parole à l'Assemblée nationale.