Si la sortie de Mario Dumont contre le cours d'éthique religieuse, au début de la campagne électorale, est tombée à plat, c'est parce qu'il a enfourché le mauvais cheval de bataille, juge la spécialiste des relations interethniques Marie McAndrew.

Selon elle, l'ADQ a profité en 2007 d'une conjoncture toute particulière: une alliance entre les partisans de la laïcité et les traditionalistes nostalgiques d'un Québec ancien, plus monolithique. «Cette conjonction d'intérêts très disparates a créé une masse critique de gens qui réagissaient très fort contre les accommodements religieux», rappelle-t-elle.

Mais en essayant de partir en croisade contre le cours d'éthique religieuse, Mario Dumont ne s'appuyait plus que sur un de ces deux courants. «Pour les partisans de la laïcité, ce cours est au contraire une grande réussite», explique-t-elle. En d'autres mots, le chef de l'ADQ a cru émouvoir les électeurs avec des histoires de crucifix et d'arbres de Noël. Mais «il a enfourché une monture bien trop boiteuse»: une infime frange d'électeurs le suit sur ce terrain.

Et puis, si ce cheval s'est aussitôt enlisé, c'est que les sensibilités identitaires ne sont plus un terrain politique vierge. Depuis les dernières élections, le Parti québécois a mis de l'avant son projet de loi sur l'identité québécoise. Les libéraux ont adopté le projet de «contrat social» que les immigrants devront signer avant de s'établir au Québec.

Pour gratter ce bobo-là, «Mario Dumont devait se tenir beaucoup plus à droite et ce n'était pas très porteur», dit Marie McAndrew.