Il n'y a pas de crise économique au Canada, a affirmé toute la journée hier Stephen Harper, en campagne dans les provinces maritimes.

Après l'approbation par le Congrès américain d'un plan de secours pour résoudre la crise financière aux États-Unis, et alors que quatre pays européens membres du G8 se sont réunis à Paris pour tenter de trouver une porte de sortie au tsunami financier qui frappe aussi l'Europe, M. Harper a maintenu hier à Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, et ensuite à Moncton, au Nouveau-Brunswick, que la situation est bien meilleure au Canada.

 

«Il y a beaucoup d'instabilité dans l'air, a-t-il quand même reconnu. Mais il ne faut pas que le gouvernement ajoute à cette instabilité.»

L'attitude de M. Harper, accusé par son adversaire libéral Stéphane Dion de vivre dans une bulle, contraste avec celle du premier ministre français, François Fillon, qui a déclaré que la crise n'est pas «franco-européenne» mais «mondiale». M. Fillon a même carrément évoqué «un monde au bord du gouffre par la faute d'un système irresponsable».

Mis au courant des propos de son homologue français, le chef conservateur n'a pas voulu donner dans ce qu'il estime être une dramatisation de la situation. Les journalistes lui ont demandé à Yarmouth s'il se rendait compte qu'il est le seul leader sur la scène internationale à dire que tout va bien.

«Nous ne disons pas que tout va bien, a-t-il répondu. Je le dis depuis un an; nous sommes dans une période d'incertitude économique. Et nous avons fait des gestes depuis le mois d'août dernier pour nous préparer à cela. Les faits sont là. La situation des banques canadiennes est de façon significative bien meilleure que celle des banques aux États-Unis et en Europe. Nous avons rencontré les banques régulièrement l'année dernière pour nous assurer que nous suivions ce qui se passait et que nous faisions en cours de route les ajustements nécessaires, par exemple du côté du marché hypothécaire. Nous avons fait d'importants changements. Les marchés canadiens sont très solides et nos banques sont très solides.»

Différences entre le Canada et les États-Unis

Le chef conservateur a nié qu'il restait passif face aux soubresauts économiques et affirmé qu'il rencontre régulièrement ses homologues étrangers afin de s'assurer que leurs actions ne puissent aggraver en rien la situation canadienne.

À Moncton, en fin d'après-midi, devant une foule de 500 partisans triés sur le volet, M. Harper a encore insisté sur les différences entre la situation aux États-Unis et celle au Canada.

«D'abord, a-t-il dit, nous avons des surplus et ils ont des déficits. Nous payons notre dette alors qu'eux s'endettent. Nous créons encore des emplois, même si c'est à un rythme moins accéléré, alors que les États-Unis perdent des emplois. Et la grosse différence est que ces pays subissent des crises majeures dans leurs institutions financières.»

M. Harper a ajouté qu'il ne prétend pas que le Canada est immunisé; il a même reconnu que certains effets de la crise financière américaine se font déjà sentir au Canada. «Mais nous ne sommes pas en déficit, a-t-il martelé. Nous ne sommes pas en récession et nous ne perdons pas d'emplois. Cela fait une grosse différence. Et surtout, nous ne paniquons pas.»