On dit des «Y» ou «écho-boomers» qu'ils ont davantage été séduits qu'éduqués. Et pourtant, ces nouveaux venus sur le marché du travail transformeront la société comme aucune autre génération ne l'a fait auparavant, estime Carol Allain, auteur du livre Génération Y.

Le chercheur y va d'une mise en garde: il ne faut surtout pas parler d'engagement ou de hiérarchie aux Y. «Il faut leur donner de la reconnaissance», dit Carol Allain. Puisque les baby-boomers ont élevé leur progéniture dans le dialogue et la négociation, les Y, nés à l'aube des années 80, s'attendent à être consultés et sollicités. «Les Y sont incapables de passer inaperçus, résume M. Allain. Ils ont remplacé le savoir-faire par le faire-savoir.»

Communicateurs nés, les Y ne se gênent pas pour exprimer leur mécontentement. Sans crier gare, ils iront même jusqu'à débarquer dans le bureau du supérieur, stupéfait devant tant d'arrogance. Pour les Y qui sont nés dans l'ère du présentéisme, c'est ce qui compte. «Il ne faut jamais oublier qu'ils ont été «séduqués», dit Carol Allain.

Au-delà de leur propension à faire savoir à la terre entière qu'ils sont indispensables, les Y, contrairement à leurs aînés, ne cherchent pas la réussite sociale à tout prix. « L'important, pour un Y, ce n'est pas pour qui il travaille, mais pourquoi il travaille», dit M. Allain.

La famille, même si elle est retardée, occupera une place sans précédent dans leur vie. «Ce sont eux qui révolutionneront la façon de travailler», selon M. Allain. Adieu l'éternel «neuf à cinq, cinq jours par semaine» et bonjour à la conciliation travail-famille, la vraie. «Déjà, beaucoup d'entreprises sont désertes le vendredi», dit M. Allain, qui ne serait pas surpris de voir des horaires réduits à trois jours par semaine.

Attention, les Y ne sont pas moins efficaces ou exigeants. Simplement, ils ne veulent pas répéter les erreurs de leurs parents, pour qui l'appât du gain est devenu une obsession. «Ils ne vivent plus dans le devoir, mais dans le plaisir», conclut Carol Allain.