Rares sont les jeunes Québécois qui se tournent aujourd'hui vers l'agriculture. Et la majorité du temps, ceux qui le font sont des enfants de fermiers qui reprennent l'exploitation familiale. Martin Leroux, lui, n'avait ni terre ni cheptel et se destinait à la comptabilité. Aujourd'hui, il a la responsabilité d'une porcherie de 3000 têtes dans les Cantons-de-l'Est. Plus jeune, Martin rêvait de travailler dans une exploitation laitière. C'est ce qu'avait fait son grand-père paternel. «Je passais mes fins de semaine chez lui, toujours sur le tracteur.» Au cours d'un un bref séjour au cégep de Granby en comptabilité, il a rencontré celle qui est devenue sa compagne. Ses parents sont éleveurs de porcs. «Ils n'avaient pas de relève.» L'occasion était trop belle. Sans tarder, Martin s'est dirigé vers l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe pour y décrocher un DEC en gestion et exploitation d'entreprise agricole. Il travaille aujourd'hui sur la ferme de ses beaux-parents, à Saint-Joachim-de-Shefford. Mais pas n'importe comment. «On ne veut pas faire manger aux autres ce que nous-mêmes nous ne mangerions pas», précise-t-il. Les cochons qui sont conduits à l'abattoir chaque année reçoivent des soins bien différents de ceux prodigués dans les élevages industriels. Pas d'hormones de croissance, pas de médicaments et plus d'espace. «Quand je vois ce que certaines compagnies injectent à leurs bêtes, c'est certain qu'il y a des résidus de médicaments qui restent dans la viande» dit Martin qui essaie de proposer des aliments qui soient «le plus naturels possible».Il y a quelques mois, il a participé à la rédaction d'un document sur la relève agricole, destiné au gouvernement. Et dans l'avenir, il se voit bien devenir dirigeant syndical.