Ils s'occupent de nourrissons, promènent des chiens, conduisent des limousines, dénichent des médecins de famille, font le ménage ou décorent les sapins de Noël: à Montréal, plusieurs personnes occupent un emploi lié à la richesse. Zoom sur ces boulots bien particuliers.

Trouver un médecin de famille, une place en garderie, un professeur de piano ou des billets pour un concert qui affiche complet, organiser une fête sur un bateau, dénicher des rideaux pour le salon, faire le sapin de Noël...

Karen et Paula Quinn ne comptent plus les demandes étonnantes qui viennent de leurs 400 clients. Depuis 1999, les deux soeurs offrent des services de conciergerie. «Quand on dit concierge, les gens pensent à entretien», dit Karen Quinn, rencontrée dans un café du centre-ville. Mais elle et sa soeur sont plutôt des assistantes personnelles sur demande. Pionnières à Montréal dans ce domaine, les deux femmes font tout ce que leurs clients n'ont pas le temps (ou le goût) de faire: passer à la blanchisserie, prendre un rendez-vous chez le dentiste, acheter des chocolats de Pâques, etc. Le jour de notre rencontre, par exemple, Karen Quinn devait régler les détails d'un mariage, planifier un voyage à vélo pour la fête du Travail et faire visiter des appartements dans l'immeuble d'un client.

Aux particuliers, l'entreprise Concierges K&P demande un tarif horaire de 40$. Aux entreprises, c'est plus. Il existe également des forfaits pour les clients étrangers qui emménagent à Montréal.

Les clients de K&P sont-ils riches? Selon Karen Quinn, ce n'est pas une question d'argent. C'est une question de temps. «C'est le temps de nos clients qu'on sauve», dit-elle. Les besoins auxquels répondent les services K&P sont symptomatiques de notre société, convient néanmoins Mme Quinn. Les gens travaillent trop et manquent de temps.

La première entreprise à recourir aux services de K&P a été Erickson. Dans l'apogée de la bulle technologique, les sociétés informatiques se disputaient les meilleurs employés. «Erickson a eu l'idée d'offrir un service de conciergerie à ses employés», raconte Mme Quinn.

Quoi qu'elle en dise, ses clients sont aisés. Ils sont prêts à acheter du temps, en quelque sorte.

De demande en demande, Karen Quinn s'est bâti un réseau. Aujourd'hui, elle sait qui sont les meilleurs peintres en ville, et même comment s'y prendre pour acheter un bateau. Mais son cellulaire peut sonner n'importe quand. Quand les systèmes d'alarme de ses clients en vacances se déclenchent au beau milieu de la nuit, par exemple.

Elle peut aussi aller nourrir le serpent et l'iguane d'une famille partie au chalet, ou encore aller chercher l'enfant malade d'un client à la garderie. Les périodes les plus occupées de l'année? «Avant Noël et la fête des Mères», indique Mme Quinn. La demande la plus difficile à satisfaire? «Trouver un médecin.»

Selon l'assistante et femme d'affaires de 56 ans, les besoins de conciergerie vont devenir de plus en plus grands. «Quand nous avons commencé, il y a 10 ans, nous étions les seules. Maintenant, nous avons plusieurs concurrents.»