Ils s'occupent de nourrissons, promènent des chiens, conduisent des limousines, dénichent des médecins de famille, font le ménage ou décorent les sapins de Noël: à Montréal, plusieurs personnes occupent un emploi lié à la richesse. Zoom sur ces boulots bien particuliers.

Elle berce les bébés, donne les biberons, change les couches et fait faire les rots. Une maman comme les autres? Une maman sur appel, plutôt. Ginette Hébert, 62 ans, travaille comme puéricultrice professionnelle et privée dans des familles nanties de Montréal.

Il y en a une quinzaine comme elle sur le marché dans la métropole. Les listes d'attente pour obtenir leurs services sont interminables. Ginette Hébert, comme toutes les autres, travaille à son compte. Cette grand-mère avait de l'expérience dans le milieu hospitalier, en pouponnière et en pédiatrie. Aujourd'hui, elle travaille exclusivement pour des familles et son agenda est noirci jusqu'en janvier prochain.

«Le premier contact avec les clients se fait souvent quand la mère apprend qu'elle est enceinte», explique Mme Hébert. Grâce à elle, les nouvelles mamans peuvent faire un pied de nez aux épuisantes nuits blanches.

Lors de notre rencontre, elle terminait un séjour chez Stéphanie Séguin, qui vient de donner naissance à des jumeaux, Laurence et Lambert. Drôle de coïncidence, la jeune maman est aussi propriétaire de Regency Nannies, une agence de placement de gouvernantes établie à Mont-Royal.

En moyenne, les clients ont recours aux services d'une puéricultrice pour une période de un à trois mois. Ginette travaille surtout de nuit. Chaque quart dure une douzaine d'heures. «On vérifie l'allaitement et on donne beaucoup d'information aux parents, en plus d'un soutien moral et physique à la mère», explique la puéricultrice.

Un lit est à sa disposition chez ses clients. Chez Stéphanie Séguin, il est à l'étage, à quelques pas de la chambre des jumeaux. «Notre job est parfois réduit à changer des couches ou donner le biberon, mais ça consiste avant tout à décoder l'enfant et à lui donner une routine», explique Mme Hébert.

Il y a cinq ans, elle était venue épauler Stéphanie Séguin à la naissance de Lili. Aujourd'hui, Lili est devenue cette craquante fillette qui gambade dans la maison cossue de Mont-Royal.

Ginette Hébert voyage aussi parfois aux frais des familles qui l'embauchent. Elle a ainsi posé ses valises en Suisse, à New York, en Floride et aux Bahamas.

Grâce aux puéricultrices, les mères peuvent souffler un peu, mais n'est-ce pas aussi une façon de se déresponsabiliser? Pour certaines, oui, répond sans hésiter Mme Hébert. «Il y a des mères qui ne veulent tout simplement pas être réveillées la nuit.»

La majorité des clients sont de riches familles anglophones de l'Ouest-de-l'Île pour qui avoir une puéricultrice relève de la tradition. «Il y a aussi beaucoup de jeunes professionnels ou de femmes dans la quarantaine qui n'ont presque jamais côtoyé d'enfants», ajoute Ginette.

Le hic, c'est que tout le monde ne peut pas s'offrir les services de Ginette, dont le tarif horaire varie entre 18$ et 25$, pour un minimum de huit heures par quart, trois jours par semaine.

Chaque fois qu'un contrat achève, Ginette a un pincement au coeur. «Je traîne mon petit bonheur d'une maison à l'autre», explique-t-elle.