Les conservateurs ont poursuivi leur campagne de séduction au Saguenay, mercredi, pour tenter d'obtenir le troisième et dernier comté qui leur fait défaut dans cette région.

Pour y parvenir, ils ont misé sur des promesses destinées à amadouer ceux que l'on qualifie parfois de «souverainistes mous» en jouant sur la fibre nationaliste et en assurant qu'un gouvernement conservateur réélu ferait une plus grande place aux francophones au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

Alors que le Bloc québécois règnait en maître sur la région il n'y pas si longtemps, le Parti conservateur a réussi à leur ravir Jonquière-Alma en 2006 en faisant élire l'actuel ministre du Travail, Jean-Pierre Blackburn; puis Roberval-Lac-Saint-Jean, en 2007, avec Denis Lebel lors d'une élection complémentaire.

Il ne leur manque plus que Chicoutimi-Le Fjord, où le candidat conservateur Jean-Guy Maltais affronte le député bloquiste Robert Bouchard, élu avec près de 5000 voix de plus que son adversaire libéral lors des dernières élections générales. Le candidat conservateur était arrivé en troisième place.

Les conservateurs se targuent d'avoir solidifié l'union canadienne en pratiquant un fédéralisme d'ouverture et comptent le faire savoir aux Saguenéens, qui ont la réputation d'être de fervents indépendantistes.

Dans le discours qu'il a livré mercredi soir lors d'un rassemblement partisan, Stephen Harper leur a une fois de plus tendu la main.

«Notre parti fera toujours une grande place aux nationalistes québécois parce que les nationalistes québécois font une grande place aux conservateurs», a soutenu M. Harper, chaleureusement applaudi par un auditoire d'environ 200 personnes.

Il est même, à son avis, «tout à fait normal d'être nationaliste», mais on peut l'être «sans vouloir briser la fédération canadienne».

Selon le leader conservateur, son parti «continue de renforcer la place du Québec au sein du Canada».

Pour en faire l'illustration, il a assuré qu'un gouvernement conservateur réélu ferait en sorte que la présidence du CRTC soit occupée en alternance par un francophone et un anglophone.

Il promet également que le nombre de commissaires francophones serait proportionnel à la population francophone au pays. Actuellement 30 pour cent des commissaires ont déjà le français comme langue maternelle, ce qui est déjà plus que la proposition faite par les conservateurs.

Mais le parti de Stephen Harper a été l'objet de nombreuses critiques et attaques au Québec sur un autre sujet lié à la culture.

Les coupes de 45 millions $ dans les programmes culturels, et particulièrement ceux destinés à la mise en valeur des artistes canadiens à l'étranger, ont fait de nombreux mécontents, en commençant par le gouvernement provincial qui ne s'est pas gêné pour exprimer le fond de sa pensée.

La ministre du Patrimoine Josée Verner, la candidate conservatrice Myriam Taschereau et le député Luc Harvey, tous de la région de Québec, en ont même ajouté une couche en laissant entendre que Québec n'avait qu'à soutenir davantage les artistes puisqu'il en avait, selon eux, les moyens.

La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a répliqué mercredi en déclarant que le gouvernement provincial, contrairement au fédéral, n'avait pas de surplus.

Elle a d'ailleurs noté que le déséquilibre fiscal n'était toujours pas complètement réglé. Le camp conservateur prétend pour sa part le contraire, et M. Harper l'a réitéré dans son discours.

«Grâce au règlement du déséquilibre fiscal, le gouvernement du Québec a reçu quatre milliards et demi de dollars de plus du gouvernement fédéral», a-t-il répété.