Encore une fois, le chef du Bloc québécois a dû défendre la pertinence de son parti à Ottawa. Après le ténor souverainiste Jacques Brassard la semaine dernière, ce sont les déclarations d'anciens députés bloquistes, hier dans La Presse, qui ont mis Gilles Duceppe sur la défensive.

«On dit ça à chaque campagne et à chaque campagne, ce sont les Québécois qui décident, et ils nous élisent en majorité, et ça va être ça aussi ce coup-ci», a lancé M. Duceppe sèchement, voulant visiblement clore le débat.

«On parle de personnes qui sont parties du Bloc depuis longtemps et qui ont fait les mêmes commentaires en 2000, 2004, 2006. Chaque fois le Québec a répondu par une majorité de députés bloquistes à la Chambre des communes», a-t-il ajouté, tentant de minimiser le mouvement de tirs fratricides.

«Il y a 11 anciens qui disent que le Bloc est toujours pertinent», a finalement dit M. Duceppe, en référence à une lettre publiée hier aussi dans Le Devoir, qui cite d'ex-députés bloquistes toujours en accord avec l'utilité du parti souverainiste à Ottawa pour défendre les intérêts du Québec.

De la dérision

Questionné à nouveau en après-midi par des médias régionaux, le chef du Bloc a voulu tourner en dérision ces critiques, venant de militants souverainistes.

«Ce n'est pas loin d'être une première dans l'histoire de l'humanité que les gens se posent des questions sur la pertinence du parti qui est premier dans les sondages, a dit M. Duceppe en après-midi. J'ai rarement vu ça et je suis la politique internationale et je n'ai jamais vu d'analyse semblable ailleurs.»

Le premier ministre Stephen Harper a lui aussi réagi à la sortie des ex-bloquistes.

«Le Bloc, après 18 ans, a de plus en plus de difficulté à démontrer quelle est sa pertinence à Ottawa, et même pour certains de ses anciens députés», a-t-il dit.

«Le Bloc ne peut jamais rien adopter, il ne peut jamais donner des programmes à personne et il ne peut rien arrêter de ce qu'il n'aime pas», a estimé le chef conservateur, qui a toutefois tenu à ne pas minimiser l'importance du parti de Gilles Duceppe au Québec.

«Même si nous anticipons que le Bloc demeurera une force dans ces élections, je pense que ce sont des questions importantes que les gens se posent», a conclu M. Harper.

Avec la collaboration de Hugo De Grandpré.