Le monde scolaire montréalais a fait front commun, mardi, pour riposter aux propos de l'ancien premier ministre Jacques Parizeau sur le peu de réussite du système scolaire public francophone.

Dans une lettre et une entrevue accordée au Journal de Montréal, jeudi dernier, l'ancien premier ministre avait tiré la sonnette d'alarme devant le faible taux de diplomation des élèves et criait au «gâchis scolaire». Il parlait aussi d'une «situation scandaleuse» et de «la faillite de notre système scolaire».

Ses remarques ont visiblement irrité la Commission scolaire de Montréal, les dirigeants d'établissement, les comités de parents et les cadres, venus défendre l'école publique montréalaise, sans toutefois nommer M. Parizeau. Du même coup, ils ont lancé leur plan de réussite scolaire, intitulé «Réussir».

«Dénigrer l'école publique à Montréal, c'est dénigrer 100 000 élèves et 18 000 professionnels de l'éducation», s'est exclamée la présidente de la CSDM, Diane DeCourcy.

Réunis devant les médias, ils ont rappelé que l'école montréalaise reçoit davantage de jeunes provenant des communautés culturelles, qui ont souvent deux ou trois langues à maîtriser. À la CSDM, un élève sur quatre n'est pas né au Québec.

De plus, l'école montréalaise accueille davantage d'élèves venant de milieux défavorisés et davantage d'élèves ayant des difficultés d'apprentissage.

Et ils ont fait remarquer que malgré ce contexte plus exigeant dans lequel l'école montréalaise publique doit évoluer, l'écart n'est que de 10 pour cent pour l'ensemble des épreuves du secondaire en 2007-2008 entre le public et le privé, soit 70,4 pour cent pour le secteur public de la CSDM et 80,4 pour cent pour le secteur privé.

Dans la région de Montréal, le taux de diplomation après cinq ans est plus faible à la CSDM que pour toutes les autres commissions scolaires de l'île, soit 40,7 pour cent. Mais après sept ans, le taux atteint 58 pour cent.

Pour la même cohorte d'élèves en 2002, pour l'ensemble de la province, ce sont 59 pour cent des élèves qui ont obtenu leur diplôme en cinq ans et 52 pour cent pour la région de Montréal.

Les représentants de l'école montréalaise admettent toutefois que l'école peut et doit faire mieux.

Ils ont invité ceux qui ont des critiques à faire à penser aux répercussions négatives que leurs commentaires peuvent avoir sur le moral des élèves, surtout que la lettre de M. Parizeau avait été précédée et suivie d'autres commentaires péjoratifs sur l'école publique.

«Nos jeunes ne sont pas sourds; ils ne sont pas aveugles; ils entendent ce qu'on dit sur le système dans lequel nous les avons placés», a lancé Gaétan Neault, président de l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire.

«Pas surprenant qu'ils ont tendance, parfois, à ne pas s'y accrocher trop sérieusement. N'avons-nous pas le devoir de leur insuffler confiance en leur avenir? Il est temps que cessent la désinformation et l'insécurité que provoque un discours défaitiste et misérabiliste», a-t-il ajouté.

La CSDM est la plus grande commission scolaire francophone du Québec; elle accueille 100 000 élèves à la formation jeunesse et adulte.

Son plan Réussir sera soumis au conseil des commissaires en décembre prochain. On sait déjà, grâce aux consultations qu'elle a menées, que la CSDM veut miser sur des actions comme offrir la maternelle aux enfants de quatre ans sur tout son territoire. Des études ont déjà démontré qu'intervenir de façon précoce est plus efficace pour contrer les difficultés d'apprentissage, par exemple.