Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, appelle au vote stratégique et demande aux sympathisants verts, néo-démocrates ou libéraux de se ranger derrière lui pour bloquer Stephen Harper. Si le Bloc empêche les conservateurs d'avoir une majorité de sièges, ça rendra service non seulement aux Québécois, mais à tous les Canadiens, estime-t-il.

«Nous sommes prêts à appuyer toute proposition de n'importe quel parti qui va dans le sens des intérêts et des valeurs du Québec, a affirmé M. Duceppe hier, au moment de lancer sa deuxième semaine de campagne, à Montréal. Au Bloc, il y a de la place pour tous les Québécois qui souhaitent empêcher les conservateurs d'obtenir une majorité.»

Le Bloc peut, selon lui, aussi bien représenter les valeurs sociales du NPD que les considérations environnementales du Parti vert.

«Aux Québécois tentés de voter pour le Parti libéral pour battre les conservateurs en raison de leur idéologie, pour vous, il y a une place au Bloc québécois», a-t-il lancé.

M. Duceppe a aussi tenté de rallier les électeurs qui ont voté pour les conservateurs aux dernières élections «et qui sont déçus de voir que les belles promesses de Stephen Harper, c'est une coquille vide».

Il accuse le chef conservateur d'avoir, encore cette semaine, rejeté les demandes répétées et unanimes du Québec, en matière de culture notamment.

S'il appelle au vote stratégique au Québec, le reste du Canada doit aussi, selon lui, éviter de trop se diviser. «J'ai un trop grand respect pour les Canadiens pour leur dire quoi faire, mais ceux qui ne veulent pas de Stephen Harper doivent adopter une stratégie gagnante», a dit M. Duceppe.

«Il y a des Canadiens qui espèrent fortement que le Bloc québécois batte les conservateurs parce qu'ils savent bien que, si on les prive d'une majorité, ça va rendre service aux Canadiens et à tout le Canada», a ajouté le leader souverainiste.

Dans un discours qui faisait la promotion des transports en commun, le chef bloquiste a proposé que tous les Canadiens, même les moins fortunés, aient droit à un crédit d'impôt remboursable à l'achat d'un laissez-passer pour l'autobus ou le métro.

«Le transport en commun, c'est une excellente façon de réduire notre dépendance au pétrole, c'est bon pour l'économie et c'est une façon pour les Québécois de faire un pied de nez aux compagnies pétrolières et à leur complice Stephen Harper», a dit M. Duceppe.

Mandat complet

Moins d'un an et demi après sa tentative avortée de devenir chef du Parti québécois après la démission d'André Boisclair, au printemps 2007, le chef du Bloc s'est engagé, hier, à accomplir la totalité de son mandat. Il n'a toutefois pas voulu dire si cette cinquième campagne électorale à la tête du Bloc serait sa dernière. L'homme de 61 ans a plutôt rappelé que les militants l'ont appuyé à 95,4% lors du dernier vote de confiance, en octobre 2007, et que ces derniers étaient en partie responsables de sa destinée.

En après-midi, Gilles Duceppe a participé à un rassemblement à Laval, dans le quartier Duvernay. Plus de 200 militants étaient présents, en plus des quatre candidats du Bloc québécois. Dans Laval-Les Îles, où la population est composée en majorité de membres de communautés culturelles, le candidat du Bloc est Mohamedali Jetha. Machiniste chez Bombardier, originaire du Burundi et arrivé ici en 1974, il milite pour la souveraineté depuis plusieurs années et parle sept langues.

De toute son histoire, jamais le Bloc n'a réussi à ravir cette circonscription de l'ouest de Laval, qui comprend notamment le quartier Chomedey. La libérale Raymonde Folco y est députée depuis 1997.

Par ailleurs, le chef du Bloc entame ce matin une tournée qui le mènera de l'Abitibi à la Gaspésie en passant par le SaguenayLac-Saint-Jean et la Côte-Nord.