La communauté sikhe de Montréal craint qu'une dispute survenue entre les élèves de la polyvalente Cavelier-de-LaSalle ne ramène le débat sur le port du kirpan à l'école. Jeudi, un jeune sikh de 13 ans aurait brandi sa dague et tenu des propos menaçants envers deux élèves avec qui il était en conflit. Le Service de police de la ville de Montréal a d'ailleurs remis un dossier à un procureur pour que des accusations criminelles soient portées.

«C'est la première fois que j'entends parler d'un incident du genre, affirme l'ex-président du temple sikh de LaSalle, Charanjit Singh Padda. Mais je pense qu'il ne faut pas prendre un cas isolé pour jeter de l'huile sur le feu et remettre en question l'importance d'un symbole religieux. Cela dit, si le jeune homme est reconnu coupable, il y aura des conséquences.»

Une chicane d'école

En mars 2006, un jugement de la Cour suprême a autorisé le port du kirpan dans les écoles, jugeant que la liberté religieuse primait les considérations de sécurité. Quatre ans auparavant, la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys avait interdit à un élève sikh de 12 ans de porter le couteau.

«Je crois que nous sommes mal compris parce que, chaque fois qu'il est question de kirpan, les médias exagèrent ce qui s'est réellement produit, dit Charanjit Singh Padda. Lorsque deux Québécois francophones se chicanent dans une cour d'école, est-ce que les médias en parlent?»

Harjinder Singh Sohi, un leader de la communauté, a dit craindre les réactions des détracteurs du port du kirpan. «Cet incident me désole parce que, l'an dernier, le jeune garçon était sur la liste d'honneur de son école», a-t-il ajouté.

Communauté divisée

Jasvir Sandhu, animateur sikh à la radio Humsafar, n'est pas convaincu que des jeunes de 13 ans devraient porter la dague.

«Je crois que seulement les adultes ou les adolescents de plus de 15 ans qui sont intellectuellement avancés ont la maturité nécessaire pour comprendre les règles entourant le port du kirpan.»

Selon lui, la communauté est préoccupée par ce qui vient de se passer à LaSalle. «Tout le monde est triste parce que, au fond, les sikhs veulent vivre leur religion tout en étant de bons citoyens.»