Le gouvernement conservateur, comme toute tendance de droite, est allergique à toute forme de transparence. Tout se fait en catimini. Tout est totalement contrôlé. Par contre, on fait de grands discours sur les baisses de taxes et d'impôts, sur la lutte à la dette et la protection du déficit zéro et on affirme le plus sérieusement du monde qu'avec moins on fera plus.

Dans des envolées oratoires loufoques, les ministres affirment qu'ils gèrent le pays comme de "bons pères de famille" alors que dans les faits, ils départissent le gouvernement de sa mission. Ils privatisent les services à la communauté, privilégient des objectifs de rentabilité en calquant leurs principes de gestion sur ceux des multinationales. Les impératifs du néolibéralisme colorent profondément l'action politique. Les valeurs de la «nation québécoise» dont nous avons tant parlé à la commission Bouchard-Taylor sont-elles encore reconnaissables dans les programmes électoraux?

Notre monde évolue et évoluera toujours grâce à une tension perpétuelle entre les esprits ouverts et les esprits fermés au progrès. Il fonctionne un peu comme un cerf-volant dont l'envol dépend à la fois des ailes qui captent le vent et de la corde qui, en le retenant, crée une tension absolument nécessaire à son élévation dans le ciel. Notre monde possède une âme intérieure qui le pousse sans cesse vers l'avant, vers le dépassement. L'espoir pour le futur est toujours de mise. Les reculs de la démocratie et de la liberté que les conservateurs laissent planer dans l'horizon canadien ne seront probablement pas de longue durée. Un peu comme un «sling shot», les faits et gestes de la «droite» étirent l'élastique de notre monde vers l'arrière, ils l'étirent beaucoup mais quand les événements obligeront à lâcher prise, notre monde sera projeté vers l'avant avec une vitesse et une force extraordinaire. L'humanité a-t-elle encore l'intelligence et la lucidité pour poser les gestes appropriés qui l'empêcheront de plonger bêtement dans les précipices sur le bord desquels son aveuglement, son indifférence et son ignorance peuvent la conduire?

Le Parti conservateur du Canada, un parti franchement réactionnaire, favorise hypocritement les comportements antidémocratiques, se met totalement au service des pétrolières et du capital, méprise les avertissements des scientifiques au sujet des changements climatiques et ouvre largement la porte à l'obscurantisme et aux méthodes répressives des talibans chrétiens.

Le 14 octobre, le Parti conservateur du Canada ne devrait-il pas être élu «majoritaire»? C'est peut-être le seul moyen de prendre réellement conscience des pertes importantes que son élection fera subir à la «nation québécoise», pertes touchant particulièrement nos acquis sociaux obtenus après tant de luttes épiques. Le Parti conservateur du Canada emprisonne les forces de «gauche» mais un jour, comme pour le mur de Berlin, ces forces briseront le rempart des coupures et des censures, caractéristiques propres à toute dictature. On ne peut bâillonner indéfiniment, les forces de la vie, de la nature, du progrès et de l'évolution.

André Beauregard

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