Depuis deux ans, les voyageurs du monde entier ragent en comptant les millilitres de liquides réglementaires qu'ils ont le droit d'emporter avec eux dans la cabine d'un avion. Malheur à ceux qui oublient une bouteille de vin non scellée, une bouteille de parfum prestigieuse, voire un fromage un peu trop coulant dans leurs bagages à main: les articles sont impitoyablement jetés aux ordures par les agents de sécurité aérienne.

Les passagers ne sont pas les seuls à être ennuyés par les mesures de sécurité. Les compagnies aériennes britanniques British Airways et Virgin Atlantic ainsi que les gestionnaires des plus importants aéroports du Royaume-Uni font actuellement pression sur les autorités pour faire lever les interdictions de transporter des liquides à l'intérieur des cabines d'avion.

Mieux: selon le journal The Independent, le gouvernement britannique teste déjà des détecteurs capables non seulement de détecter la présence de liquides dans les bagages, mais également de déterminer si ce liquide est dangereux. Une source citée par The Independent affirme que l'interdiction pourrait être levée dès l'an prochain.

Dans The Guardian, les prévisions les plus optimistes prévoient une levée d'ici deux ans. Mais le Times écrit que les règles resteront probablement en vigueur encore cinq ans.

Pour Charlie LeBlanc, président d'ASI Group, une compagnie texane spécialisée en sécurité, la technologie ne permet pas encore de détecter efficacement - et surtout rapidement - un liquide dangereux. «De façon réaliste, il faudra encore attendre trois ou quatre ans», a-t-il déclaré hier à La Presse. Et ce jour-là, il y aura peut-être de nouvelles restrictions. «C'est une menace qui évolue, dit-il. Chaque fois qu'une menace est repérée, une nouvelle apparaît.»

Air Canada n'a pas l'intention de formuler une telle demande au gouvernement canadien pour l'instant, dit Isabelle Arthur, porte-parole du transporteur. Et la modification des règles en vigueur n'est pas dans les plans de Transports Canada. «Ce qui est en place demeure», dit la porte-parole Maryse Durette.

Une bombe cachée dans du cola

En août 2006, l'arrestation de huit présumés terroristes soupçonnés d'avoir voulu faire exploser des avions en partance de l'aéroport d'Heathrow, à Londres, en direction des États-Unis et du Canada (le vol 865 Londres-Montréal d'Air Canada était notamment visé), a mené à ce resserrement de la sécurité. Les hommes se seraient servis d'explosifs cachés dans des bouteilles de boissons gazeuses pour commettre leur attentat.

Lundi, trois des huit accusés ont été reconnus coupables de conspiration pour meurtre, mais ont été acquittés du chef d'accusation de complot pour abattre un avion.

L'industrie aérienne britannique a alors demandé au gouvernement de «revoir ses règles de sécurité» à la lumière des accusations qui sont tombées. Le gouvernement a répliqué que le procès a quand même prouvé que des explosifs pouvaient être fabriqués à partir d'objets de tous les jours, selon The Guardian.

Les règles de sécurité interdisent aux passagers de transporter plus de 100 ml de liquide dans leurs bagages à main. Les bouteilles doivent être placées dans un sac de plastique transparent. Tous les autres liquides doivent être mis dans les bagages de soute. Des exceptions sont prévues pour le lait et l'eau destinés aux bébés. Plusieurs voyageurs omettent ou oublient de se conformer aux règles, ce qui cause retards et coûts supplémentaires à l'industrie aérienne.