L'audience disciplinaire du Dr Denis Bisson, omnipraticien de Verdun, a commencé hier à Montréal. Il est notamment accusé d'avoir effectué des augmentations mammaires par transfert de gras alors que cette technique est jugée controversée par le Collège des médecins. Le Dr Bisson est également accusé d'avoir exécuté ces interventions sans le consentement éclairé de deux de ses patientes.

Chantal Atkinson, 31 ans, résidante de la Rive-Sud, a visité une première fois le Dr Bisson en septembre 2005. Elle voulait s'informer sur les augmentations mammaires par transfert de gras et par implants. Selon elle, le Dr Bisson a clairement affirmé que le transfert de gras serait dans son cas préférable.

La technique d'augmentation mammaire par transfert de gras est pourtant controversée dans le milieu médical. Elle consiste à retirer des cellules graisseuses par liposuccion sur le corps d'une patiente pour les réinjecter ensuite dans ses seins.

Pesant à peine 47,6 kg, Mme Atkinson s'est demandé où le Dr Bisson allait lui prélever du gras. Malgré cette inquiétude, elle a subi une augmentation mammaire par transfert de gras, le 7 octobre 2005, au coût de 5176$.

Avant de subir cette intervention, Mme Atkinson assure qu'elle n'a jamais su que les résultats de l'opération n'étaient pas garantis. «On me disait que j'allais avoir une poitrine plus grosse d'un bonnet et que le résultat serait permanent», a-t-elle dit, hier, lors de son témoignage devant le comité de discipline du Collège des médecins.

Dans les jours suivant son opération, Mme Atkinson a beaucoup souffert. Les endroits ayant subi des liposuccions (fesses, hanches, cuisses, ventre) ont été douloureux pendant deux mois. Mais le pire, c'est que ses seins ont rapetissé. «Dans les jours suivant l'opération, mes seins rapetissaient d'heure en heure», a dit Mme Atkinson, qui se considère aujourd'hui comme un «cobaye» du transfert de gras.

Manon Valade, 41 ans, aussi résidante de la Rive-Sud, a connu un sort semblable. Le 1er juillet 2005, elle a subi une augmentation mammaire par transfert de gras à la clinique du Dr Bisson pour la somme de 4888,56$. Mme Valade estime elle aussi avoir été mal informée des potentiels échecs de l'intervention. Dans les mois suivant sa chirurgie, Mme Valade affirme que son augmentation mammaire a disparu. «Ça a fondu comme de la glace. Petit peu par petit peu», dit-elle.

Le Dr Denis Bisson a plaidé non coupable à toutes les accusations portées contre lui. Son audience disciplinaire se poursuit aujourd'hui.

C'est la première fois que le Dr Bisson doit se défendre devant le comité disciplinaire du Collège des médecins. Il a toutefois dû faire face à la justice en 2000. Cette année-là, il a été condamné à payer plus de 24 000$ à une patiente qui avait subi une liposuccion à sa clinique. Le tribunal avait déterminé que le Dr Bisson avait mal informé sa patiente des potentiels échecs d'une liposuccion au visage.

La Presse avait présenté un dossier sur l'augmentation mammaire par transfert de gras en juin dernier. Dans cet article, le Dr Bisson vantait longuement cette pratique. L'Association des chirurgiens plasticiens du Québec avait vivement réagi à ce dossier en disant que cette technique n'en est qu'à ses balbutiements et qu'elle n'est pas reconnue par le Collège des médecins.

Le dossier a suivi son cours devant les tribunaux dans les années suivantes. Le Dr Bisson a d'abord été trouvé coupable et sanctionné par le Comité de discipline du collège des médecins. Mais en 2012, à la suite d'un appel logé par le médecin, le Tribunal des professions l'a acquitté sur les cinq principaux chefs d'accusation, soit ceux liés à sa pratique médicale et aux chirurgies des deux patientes mentionnées précédemment. Dans cette décision partagée à deux juges contre un, le Tribunal a toutefois maintenu deux accusations de facturation injustifiée d'honoraires à la RAMQ.