Les médailles olympiques ne sont pas des récompenses comme les autres. Qu'importe leur couleur, elles couronnent des carrières exigeantes, jamais faciles, et des athlètes fonceurs, jamais battus. Comme Thomas Hall et Karine Sergerie.

Tout de suite après son retour de Pékin, le canoéiste Thomas Hall, médaillé de bronze au C-1 1000 mètres, s'est rendu aux championnats canadiens de canoë-kayak, à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse.

Chaque jour, il avait avec lui sa médaille. Sauf une journée. «Ce jour-là, tout le monde a demandé à la voir», relate-t-il.

Thomas Hall a rapidement vu ce que pouvait représenter une médaille olympique. Qu'elle soit d'or, d'argent ou de bronze, c'est loin d'être une récompense comme les autres. Elle attire l'attention, fascine les amateurs, inspire les jeunes athlètes. Elle suscite le rêve, car on y associe avec raison les années de sacrifices et d'efforts de l'athlète qui l'a au cou.

«Je pense que c'est ma responsabilité de montrer ma médaille aux jeunes pour les inspirer, dit Thomas Hall. Pour moi, c'est juste une médaille, mais pour les jeunes, c'est beaucoup plus. Ça devient un outil pour redonner au sport.»

Pour saluer le travail de ceux qui ont tout mis en oeuvre afin de décrocher l'une de ces médailles, La Presse et Radio-Canada nomment Thomas Hall et Karine Sergerie, médaillée d'argent en taekwondo, Personnalités de la semaine.

Thomas Hall

Gagnée à la faveur d'une remontée dans le dernier tiers du kilomètre de course, la médaille de Thomas Hall récompense une carrière qui, comme c'est généralement le cas, a été ponctuée de moments difficiles. "Le plus difficile, c'est quand j'ai perdu ma place dans l'équipe nationale. J'avais 21 ans. J'avais des problèmes personnels en même temps."

Mais les quatre dernières années ont permis à Thomas Hall, maintenant âgé de 26 ans, de reprendre, lentement mais sûrement, la voie du succès. "Durant ces quatre années, je n'ai pas eu les résultats que je voulais, mais avec mon entraîneur Michael Creamer, on a suivi le chemin qu'on s'était tracé. Sans lui, je n'aurais pas réussi."

Selon Thomas Hall, trois qualités lui ont permis de se propulser parmi les meilleurs en 2008: détermination, patience et surtout respect des concurrents.

"J'ai toujours un véritable respect pour mes compétiteurs, insiste-t-il. Je pense que c'est vraiment important. On ne peut pas les battre si on ne les respecte pas."

Hall a remporté le 1000 mètres national à son retour des Jeux et établi un nouveau record. "Mais j'ai gagné par moins de deux dixièmes contre Mark Oldershaw", souligne-t-il. La compétition est forte, donc, mais Hall veut poursuivre sa route vers les Jeux de Londres, non sans oublier les championnats du monde de 2009, qui auront lieu à Dartmouth, justement.

"J'espère que ce n'est pas la fin, car ça commence juste à être le fun", dit l'athlète en souhaitant que son corps le mène sans problème jusqu'à une autre médaille olympique.

Karine Sergerie

Karine Sergerie, de Sainte-Catherine, n'a jamais caché sa déception d'avoir raté l'or aux Jeux de Pékin. Même si cela veut quand même dire une médaille d'argent, après une défaite par un seul point dans le combat final.

La taekwondoïste de 23 ans a été opérée à un muscle de la hanche il y a un peu plus d'une semaine, en raison d'une blessure qu'elle traînait depuis environ deux ans. "Rien de grave, précise-t-elle, mais ça me limitait un peu dans certaines techniques et certaines méthodes d'entraînement."

Mais la flamme olympique brûlait si fort en elle qu'elle n'a pas voulu sacrifier trois mois de préparation pour la convalescence. Aujourd'hui, le moment est mieux choisi. "Ça me permet de prendre du recul, de réfléchir aux quatre dernières années et de me demander s'il y en aura d'autres."

Mais sa décision ne fait pas vraiment de doute. "Dans quatre ans, si tout va comme je le veux, j'irai chercher la médaille d'or." La formule est forte, certes, mais Karine Sergerie est l'incarnation même de la détermination. "Je suis très compétitive, et quand je veux quelque chose, je m'arrange pour l'avoir."

Karine Sergerie a eu un parcours un peu plus long que prévu vers sa première expérience olympique - elle a été écartée en 2004 même si elle était vice-championne du monde, parce qu'elle avait raté les Jeux panaméricains, étape obligée de la qualification olympique.

Le coup a été dur, mais Karine Sergerie s'est relevée, est devenue championne du monde en 2007, puis a vécu son rêve olympique.

"J'accepte l'idée qu'il faut faire face à des moments difficiles, dit-elle. Mais il faut aborder ces moments avec une attitude positive."

Selon elle, il reste à bonifier son endurance, qui lui a fait défaut aux Jeux, et à éliminer les petites hésitations coûteuses au cours des combats. "Il y a toujours quelque chose à améliorer sur le plan mental", note-t-elle. Voilà le programme, après le repos et la convalescence.

Karine Sergerie, comme Thomas Hall, a d'autres sommets à atteindre.