Retraité de la fonction publique, Laurent McCutcheon s'identifie à la première génération d'homosexuels sortis du placard. «Et maintenant que je suis à la retraite, il n'est absolument pas question que j'y retourne», lance-t-il.

Pour le président de la Fondation Émergence, organisme favorisant l'épanouissement des personnes homosexuelles, les gais et lesbiennes à la retraite doivent non seulement demeurer visibles, mais ils doivent prendre leur place dans l'ensemble des organismes de services aux personnes âgées.

«Actuellement, nous sommes complètement absents des structures des réseaux pour les gens du troisième âge. Nous devons investir le réseau des aînés», a-t-il déclaré hier à la neuvième Conférence mondiale sur le vieillissement, au Palais des congrès. La présentation de M. McCutcheon faisait écho au mémoire présenté en août 2007 par la Fondation Émergence et le centre Gai Écoute à la vaste consultation publique sur les personnes âgées lancée par le ministère québécois de la Famille et des Aînés. En entrevue à La Presse, le président de la fondation explique que l'invisibilité caractérise jusqu'à maintenant les gais et lesbiennes dans tout le réseau des personnes âgées. D'abord, il y a l'invisibilité des personnes qui ne sont jamais sorties du placard. Pour elles, le vieillissement risque d'être encore plus douloureux. L'isolement et la solitude les guettent.

Quant à ceux qui ont assumé publiquement leur orientation sexuelle, ils constatent que les structures de services aux aînés ont été bâties sans les personnes homosexuelles. «Le silence est systémique», dit M. McCutcheon.

Or, selon lui, les gais et lesbiennes ne veulent pas vivre dans un réseau parallèle, où ils se retrouveraient en ghetto. Ils ne veulent pas vivre uniquement dans des maisons pour personnes âgées confinées dans le Village.

«Nous voulons prendre notre place partout, avoir notre mot à dire. Nous voulons qu'on tienne compte de notre réalité.»