La police israélienne a indiqué dimanche qu'elle recommandait l'inculpation du Premier ministre Ehud Olmert, qui doit démissionner à la mi-septembre après les primaires de son parti, le Kadima, dans deux affaires de corruption présumée.

La police a expliqué dans un communiqué qu'elle avait recueilli suffisamment de preuves pour recommander l'inculpation de M. Olmert pour «corruption» et «abus de confiance», dans le cadre de deux des six dossiers qui concernent le chef du gouvernement israélien.

Si la police et le ministère public peuvent recommander des poursuites contre un Premier ministre, la décision d'une inculpation revient toutefois au seul procureur général de l'Etat, Menahem Mazuz. Cette décision devrait intervenir au cours des prochaines semaines.

«La seule personne autorisée par la loi à décider de l'inculpation d'un Premier ministre est le procureur général. (...) Les recommandations de la police sont sans intérêt», ont réagi les trois avocats d'Ehud Olmert dans un communiqué.

«Il aurait été préférable pour la police de s'abstenir totalement d'exprimer ses opinions sur une question qui ne relève ni de sa juridiction ni de son autorité», ont-ils poursuivi.

Dans le premier dossier, la police accuse Ehud Olmert d'avoir reçu d'importantes sommes d'argent en liquide d'un homme d'affaires juif américain, Morris Talansky, alors qu'il était maire de Jérusalem entre 1993 et 2003 puis ministre de l'Industrie

et du Commerce jusqu'en 2006.

Il est aussi accusé de fraude dans une affaire de double facturation de billets d'avion, là aussi avant qu'il n'occupe le poste de Premier ministre, en 2006.

Ehud Olmert, 62 ans, a admis avoir reçu de l'argent de M. Talansky tout en clamant son innocence.

D'ores et déjà, le Premier ministre, dont la réputation a été gravement entachée par les soupçons qui pèsent sur lui, a annoncé qu'il présenterait sa démission après l'élection le 17 septembre de son successeur à la tête du Kadima, le parti centriste au pouvoir.

Les deux principaux candidats en lice sont la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et le ministre des Transports et ancien ministre de la Défense, Shaul Mofaz, perçu comme un «faucon».

Mais, même après avoir démissionné, Ehud Olmert devrait rester plusieurs semaines à son poste, le temps qu'un nouveau gouvernement soit formé.

Selon la législation, il reviendra au président Shimon Peres de demander au prochain chef du Kadima de constituer un gouvernement. Ce dernier disposera alors de 42 jours pour réunir une majorité parlementaire.

En cas d'échec, le président peut soit désigner un autre député pour mener cette mission, soit proposer au Parlement de voter une loi de dissolution de la Chambre, ce qui impliquerait des élections sous trois mois.

La législature actuelle s'achève normalement fin 2010.