À l'École secondaire d'Anjou, pas difficile de savoir à quel moment la saison de football inter-écoles se termine : le jour d'après, bizarrement, les élèves sont nombreux à tomber subitement malades...

De septembre jusqu'à la fin novembre, tout baigne, dit le directeur de l'école, Joe Cacchione. «Si les jeunes ratent une seule journée d'école sans motif valable, ils n'ont pas le droit de prendre part aux matchs. Pas d'exception à la règle, de sorte que l'an dernier, lors d'un match décisif, notre meilleur joueur est resté sur le banc. Comme les jeunes prennent le football très au sérieux, ils se rappellent les uns aux autres qu'il n'y a pas de blague à faire et qu'ils ne doivent vraiment pas «foxer» l'école. «

Pour contrer l'absentéisme scolaire sitôt la saison de foot terminée, l'école songe maintenant à mettre au point un calendrier hors-concours ou des entraînements obligatoires à l'année.

À cette école comme à tant d'autres, l'objectif, c'est de diminuer l'absentéisme scolaire et le décrochage. Et coïncidence ou pas, on est tombé sur un nombre considérable d'écoles où cet objectif passait par le football ce qui commence à taper sur les nerfs d'Alexandra, qui fréquente, elle, une école de l'Ouest-de-l'Île. «C'est bien beau le football mais merde, on dirait qu'ils mettent tout leur argent là-dedans! Il me semble qu'ils devraient en garder un peu pour rénover notre école : le toit coule, les murs sont pleins de trous, ça fait vraiment dur. «

Selon notre sondage, 26,9 % des élèves disent manquer un cours à l'occasion. Grosse différence ici entre les élèves des écoles privées et publiques : dans les premières, c'est «oui» à seulement 6%; dans les écoles publiques, la proportion monte à 32%*.

Les politiques de l'un et de l'autre secteur sont manifestement différentes. Nombreux ont été les élèves fréquentant d'écoles privées à nous dire que les présences sont prises de façon stricte et que les parents sont rapidement avisés d'une absence. Au secteur public, comme le dit Alexandra, «c'est par un message automatisé qu'on prévient les parents «.

«Si t'es pas à l'école depuis une semaine, l'école va appeler les parents, dit Kevin. En dessous de ça, on n'appelle pas. «

Au total, 9,7% des élèves interviewés par notre sondeur ont dit avoir déjà songé à quitter l'école avant la fin de leur secondaire. Étant donné les politiques serrées de sélection des élèves au secteur privé, on ne s'étonnera pas que seulement 3% de ces élèves aient déjà envisagé de tout lâcher, alors que la proportion monte à 11% dans les écoles publiques.

Notre sondage confirme par ailleurs les tendances lourdes constatées dans les études et les statistiques officielles ayant trait au décrochage des garçons. Dans notre échantillon, 13 % de nos élèves masculins ont déjà songé à laisser les bancs d'école, comparativement à 7 % des filles.

* Notons que notre échantillon comptait plus d'élèves fréquentant l'école publique, reflétant ainsi la réalité scolaire québécoise.

T'arrive-t-il à l'occasion de manquer ou de «foxer» un cours, c'est-à-dire de ne pas t'y présenter même si tu es à l'école?

26,9%: Oui

73,1%: Non

Combien de cours as-tu «foxé» au cours de la dernière année?

15,7%: 1 à 5 fois

5,2%: 6 à 10 fois

5,6%: 11 fois et plus

73,1%: Aucun

0,4%: Ne sait pas/ ne répond pas

12,2 Moyenne annuelle (cours)

As-tu déjà songé à quitter l'école avant la fin de ton secondaire?

9,7%: Oui

90,3%: Non