Le Parti conservateur pourrait former un gouvernement majoritaire à Ottawa et la seule façon de l'en empêcher est de voter massivement pour le Bloc québécois, estime le chef du parti, Gilles Duceppe.

«Notre adversaire principal, c'est clairement les conservateurs. Et il y a une crainte au Québec de les voir devenir majoritaires. Il y a un constat qui ressort des sondages, c'est que le seul parti en mesure de les battre, au Québec, c'est le Bloc québécois, parce que les autres sont loin derrière», a dit M. Duceppe, en entrevue à La Presse.

Une majorité de sièges est «à portée de main des conservateurs», selon le chef bloquiste, qui note que les derniers sondages en Ontario accordent plus de 40% des intentions de vote aux troupes de Stephen Harper.

«C'est la grosse surprise dans les sondages, il y a un danger, là», a-t-il ajouté. À la lumière des sondages au Québec, M. Duceppe arrive même à la conclusion qu'un vote pour le Parti libéral de Stéphane Dion est un «vote perdu».

À la veille du déclenchement de la campagne électorale, le leader souverainiste a ouvert les hostilités, hier, avec un seul et unique ennemi en tête: le chef conservateur.

«Les gens vont voir que le vrai Stephen Harper est de retour. Celui du Parti réformiste du Canada. Celui avec des intentions cachées, a dit M. Duceppe, en marge d'une rencontre avec son comité électoral, à Montréal. C'est lui, en 2002, qui a dit que le protocole de Kyoto était un complot socialiste. C'est lui, en 2003, qui a dit qu'on devrait être en Irak. Si on avait eu un gouvernement majoritaire avec Stephen Harper, en 2003, les Québécois et les Canadiens seraient en Irak.»

L'enjeu de la campagne, selon M. Duceppe, sera pour les Québécois de décider dans quelle sorte de société ils veulent vivre.

«Les conservateurs, c'est un parti qui est à la solde des pétrolières, et avec des idéologues bornés, a-t-il lancé. Il y a des signes de ça. Les coupes dans les organismes à but non lucratif, par exemple. Dans les régions, dans les villes comme Québec et Montréal, il y a unanimité contre ça.»

«Ça va absolument contre le modèle québécois», a-t-il ajouté.

Les coupes dans les programmes de subventions aux organismes culturels, annoncées récemment, sont aussi pour le chef bloquiste une manifestation du «mépris» des conservateurs à l'égard du Québec. «Ils reconnaissent la nation, mais en paroles seulement, parce que la culture, c'est l'âme d'une nation», a-t-il souligné.

La seule raison pour laquelle M. Harper bafoue sa propre loi sur les élections à date fixe et «manipule le calendrier à des fins partisanes» est qu'il croit être en mesure d'appliquer intégralement son «programme caché», estime M. Duceppe, qui se targue d'être le seul à véritablement défendre les intérêts du Québec à Ottawa.

Pour le Bloc québécois, l'environnement et l'économie, indissociables, seront au coeur de cette campagne électorale.

À 61 ans, M. Duceppe entreprendra sa cinquième campagne à la tête du parti. Les finances de la formation se portent à merveille, dit-il, et il reste sept candidatures à confirmer, dont la sienne, ce qui se fera le jeudi 11 septembre. La plateforme électorale sera adoptée demain matin, immédiatement après la rencontre entre M. Harper et la gouverneure générale, Michaëlle Jean, coup d'envoi officiel de la campagne électorale.

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, devrait d'ailleurs être aux côtés de M. Duceppe demain pour attester la solidarité du mouvement souverainiste.

Mais la campagne du chef bloquiste débute dès aujourd'hui, par le dévoilement de la caravane qui sillonnera le Québec dans les cinq prochaines semaines ainsi qu'une courte tournée à Montréal et à Longueuil.