Les aînés font le plein de nouveaux amis au Québec: six villes, une MRC, une ministre, des élus municipaux, des fonctionnaires, des chercheuses. Et tout le monde, semble-t-il, veut grossir les rangs d'un vaste projet commun appelé «Villes amies des aînés».

«Le but de ce projet est de maximiser les moyens, les chances pour aider les aînés à vieillir et à demeurer dans leur milieu de vie. Et pour en arriver à cela, nous posons des diagnostics, trouvons des solutions et lançons des projets avec les aînés concernés», explique Marie Beaulieu, professeure titulaire au Centre de recherche sur le vieillissement de l'Université de Sherbrooke.

Avec sa collègue Suzanne Garon, professeure titulaire au Département de service social de l'UdS, Mme Beaulieu a présenté l'état d'avancement du projet pour le Québec hier, à la Conférence internationale sur le vieillissement qui a lieu à Montréal.

L'idée des villes amies des aînés avait été lancée en 2002 au cours d'une vaste conférence sur le vieillissement à Madrid. «Un cadre de travail a été élaboré autour de trois grandes valeurs qui reviennent continuellement dans les préoccupations exprimées par les aînées: la sécurité, la participation sociale et un bon état de santé», explique Mme Beaulieu.

À Sherbrooke, les recherches menées par les deux universitaires auprès des personnes âgées leur ont vite permis de trouver des exemples très concrets de ces préoccupations. Par exemple, plusieurs personnes choisissent de s'installer à Sherbrooke à la retraite parce que la ville a très bonne réputation quant aux soins de santé. Mais franchir la porte d'entrée des services est très complexe!

«Dans le domaine du logement, il manque de choix», illustre pour sa part Suzanne Garon. Entre la maison unifamiliale, la maison pour personnes âgées autonomes et le CHSLD, il y a de la place pour plus d'options.

Il y a bien d'autres domaines où les villes peuvent devenir amies des aînés, que ce soit en installant plus de bancs dans le centre-ville, en favorisant la proximité avec les plus jeunes (les aînés détestent être ghettoïsés), en élargissant les trottoirs, etc.

Québec embarque

Les experts de toutes les villes engagées dans le projet ont lancé un guide mondial le 1er octobre dernier. Quatre jours plus tard, dans le cadre de la consultation menée par le ministère québécois de la Famille et des Aînés sur la condition de vie des personnes âgées, Mmes Beaulieu et Garon présentent leur projet à la ministre Marguerite Blais. C'est le coup de foudre.

Le Ministère allonge 2,8 millions de dollars et annonce l'élargissement du projet à cinq autres municipalités et à une MRC. De ces 2,8 millions, 2,3 doivent être dépensés pour des projets concrets. Les villes peuvent aussi investir de leurs propres deniers ou chercher du financement privé. Le but, c'est que des projets voient le jour. On évaluera le chemin parcouru en 2013.

Mais d'ici là, plusieurs autres villes québécoises pourraient aussi devenir amies des aînés. «Je reçois beaucoup de lettres, de résolutions de conseils municipaux de villes qui veulent devenir amies des aînés, s'enthousiasme la ministre Blais.» Pour elle, le but ultime est que le Québec entier devienne ami des aînés.