Greenpeace a rompu un processus de conciliation mis en place par AbitibiBowater depuis quelques mois en relançant officiellement son programme mondial de boycottage des produits forestiers du géant mondial des pâtes et papiers.

L'événement a eu lieu hier matin, à Toronto, alors que le président et chef de la direction d'AbitibiBowater, David Paterson tentait une ultime démarche auprès du patron canadien de Greenpeace, Bruce Cox, afin de sauver cette initiative pour mettre un terme au bras de fer que livre l'organisme environnemental à l'industrie papetière. L'impossibilité pour AibitibiBowater d'arrêter la récolte forestière dans la forêt boréale intacte a amené Greenpeace à réactiver cette campagne mondiale.

Depuis la fusion de la canadienne Abitibi-Condolidated et l'américaine Bowater, une démarche officielle a été proposée à Greenpeace dans le but de trouver des solutions aux désaccords qui opposent environnementalistes et industriels. Selon le vice-président au développement durable et environnement de la papetière, Denis Leclerc, les contacts officiels ont été faits et un facilitateur professionnel a été embauché à la demande de Greenpeace de façon à mettre en place un contexte favorable aux discussions. "Pour s'assurer d'un processus transparent et efficace, le facilitateur a demandé à Greenpeace de cesser la campagne menée contre l'entreprise. Greenpeace a fixé un certain nombre de conditions pour cesser la campagne, dont celle de cesser immédiatement la récolte de bois dans les forêts qui n'ont jamais été récoltées", a déclaré le vice-président d'AbitibiBowater, visiblement déçu de la tournure des événements.

L'entreprise a expliqué qu'elle pouvait difficilement se rendre à l'exigence de cesser les coupes dans les régions accessibles de la forêt boréale qui couvre l'Ontario et le Québec. Les autres territoires ne permettent pas de remplir les besoins de la papetière.

"Il est impossible de retourner récolter du bois dans les coupes en mosaïque puisque les sections de forêt non exploitées servent justement à la protection de la faune. Il est aussi impossible pour nous de cesser d'exploiter ces zones puisque nous avons des contrats avec les gouvernements et qu'il faut avoir l'autorisation des pouvoirs publics pour modifier la planification. Greenpeace a même demandé de procéder à l'intérieur de nos possibilités sans nous rapporter aux gouvernements, ce qui est impossible", reprend Denis Leclerc.

Devant l'incompréhension qui se dégageait des discussions découlant de la demande du facilitateur, AbitibiBowater a proposé une rencontre au sommet entre son président et le numéro 1 de Greenpeace au Canada. La proposition en trois volets de David Paterson a été rejetée hier, à Toronto par Bruce Cox de Greenpeace.

"Notre président a proposé d'organiser une rencontre en présence des représentants des gouvernements pour évaluer la demande de l'arrêt des coupes dans les zones intactes. En second lieu, il a invité les représentants de Greenpeace à se rendre en forêt pour observer nos pratiques forestières et finalement, il a accepté la présence de Greenpeace lors d'une rencontre avec nos clients afin d'assiste au forum de discussion."

Selon Denis Leclerc, Greenpeace a rejeté ces propositions et confirmé la reprise des activités, tout comme l'a confié Mélissa Filion en début de journée hier. Comme d'habitude, Greenpeace n'a pas identifié les cibles, mais il est certain que les activistes réaliseront des coups d'éclat d'ici les prochains mois de façon à attirer l'attention des médias et du public en général. Malgré cette décision de Greenpeace, la direction d'AbitibiBowater est toujours disposée à poursuivre les discussions dans un objectif de résolution des problèmes.

La fin des opérations forestières dans les zones non exploitées de la forêt boréale se traduirait dans une région comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean par des centaines de mises à pied en forêt en plus de l'arrêt de production des usines de bois d'oeuvre et de papier.

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