Après plus de cinq ans de procédures judiciaires, on est enfin arrivé, hier, à la dernière partie du procès de Daniel Cormier. Le pasteur autoproclamé de 57 ans, qui s'est défendu d'agression sexuelle en invoquant son «mariage» avec une fillette de 10 ans, saura le 15 octobre s'il est coupable.

Au 49e jour de procès, le 26 juin dernier, la juge Sylvie Durand a «précipité» la fin du laborieux exercice en avisant Cormier que sa défense de mariage ne tenait pas la route, et qu'elle ne comptait pas entendre davantage de témoins à ce sujet. Cormier a donc été contraint de faire une croix sur sa longue liste de témoins à venir. Pendant l'été, il devait réfléchir à la suite à donner à sa défense.

Hier matin, il était de retour devant la cour pour annoncer ses couleurs. «Je me considère forclos de présenter une défense, car elle est entièrement centrée sur le mariage. Je n'ai pas d'autre preuve», a laissé tomber Cormier, en se plaignant d'avoir ainsi été lésé dans sa défense. En guise de plaidoirie, il a tenté de se disculper en invoquant son mariage avec la victime alléguée!

Cormier est accusé d'agression sexuelle, contact sexuel et incitation à contact sexuel avec Francesca (nom fictif). Les gestes reprochés auraient commencé alors que la fillette avait 8 ou 9 ans, et se seraient poursuivis jusqu'à l'âge de 13 ans, soit jusqu'à ce que la DPJ entre dans le portrait, en 2003.

Fondateur d'une obscure église évangélique qui n'existe plus aujourd'hui (Église du centre-ville), Cormier recrutait ses disciples parmi les démunis et les sans-abri. C'est de cette manière qu'il avait connu la mère de la présumée victime, aux prises avec des problèmes de drogue. Il l'a aidée à sortir de la rue. De fil en aiguille, il s'est imposé dans la famille et a pris le contrôle de la vie de la petite, qu'il accueillait régulièrement chez lui. De son propre aveu, Cormier la traitait comme son «épouse».

La procureure de la Couronne Anne-Andrée Charrette a fait valoir que Cormier avait pris le contrôle de l'autorité parentale et qu'il avait établi une relation malsaine avec l'enfant. Elle a rappelé qu'il avait confectionné le document de mariage sur son ordinateur, après que la DPJ fut intervenue. Le bout de papier signalait que le mariage avait été célébré dans son Église du Centre-ville, en juin 1999, soit le jour du 10e anniversaire de la petite.

La juge Durand a mis la cause en délibéré et rendra jugement le 15 octobre. Rappelons que Cormier est détenu préventivement, pour un bris de condition. Il doit revenir devant le tribunal dans les prochaines semaines à ce sujet. Il doit aussi avoir un autre procès pour une affaire à connotation sexuelle à l'égard d'une autre adolescente, affaire qui serait survenue dans le courant des années 90.