J'ai lu avec attention votre article sur la Dr Patricia Hernandez. Ces personnes qui sont retenues par toutes sortes d'ennuis avant de pratiquer dans leur profession, surtout dans le domaine de la santé alors que notre système est si souffrant lui-même, suscitent plus souvent qu'autrement notre questionnement et parfois, à jugement rapide, notre indignation.

Mme Hernandez sait qu'au Québec, la population parle français et anglais. Si, aux services d'immigration du Canada on ne le lui a pas dit, il y a erreur de la part du Canada et du Québec.

Après avoir discuté avec de très nombreux collègues étudiants, issus de plusieurs facultés et de nationalités différentes, il semble que l'Éducation du Québec mette l'emphase non seulement sur les connaissances théoriques mais aussi, et grandement, sur le raisonnement, c'est-à-dire sur la capacité inductive et déductive des étudiants afin que lorsqu'ils sont sur le terrain (donc pour un médecin, en contexte hospitalier), ils puissent rapidement faire face aux problèmes qu'ils rencontrent. Cette capacité de se débrouiller, de se mettre les mains à la pâte "profondément" n'existe pas ou moins dans d'autres pays. Comprenez-moi bien ici: c'est notre système d'apprentissage qui est différent.

Il est impératif que Dr Hernandez communique avec la Faculté de médecine qui l'accueillerait, d'autant plus que l'ex-ministre Philippe Couillard, avant de quitter, avait annoncé des mesures plus conciliantes qui favoriseraient l'accès à la pratique pour plusieurs médecins venus de l'étranger prêter main forte à notre système, et demande quelles équivalences pourraient lui être créditées. Il est absolument impossible que Dr Hernandez doive refaire sa médecine au complet. Sa théorie est réussie, il lui faudra reprendre des stages en milieu hospitalier. C'est déjà ça. Les administrateurs du Québec ne sont pas des fous.

Par ailleurs, je comprends que Dr Hernandez puisse s'exprimer en français suffisamment pour que ses patients lui répondent et qu'elle comprenne ce qu'ils lui disent. Bravo! Cela constitue aussi un acquis. Pour le reste, c'est peut-être à l'écrit qu'il y a difficulté. Pourra-t-elle bien comprendre un protocole de soins? Pourra-t-elle en rédiger un correctement? Ce sont des détails qui comptent quand ce sont nos êtres chers qui sont soumis aux soins de nos médecins. Les poursuites coûtent cher. Nous le savons.

Enfin, je crois que Dr Hernandez a raison de débattre sur la place publique du problème auquel elle fait face. Cela nous sensibilise tous. Elle doit, je crois, prendre contact avec son ou sa député provincial et rencontrer cette personne. Elle doit continuer sa lutte pour réaliser son rêve de pratiquer ici et suivre de près son dossier: c'est dans son intérêt. Des réponses idiotes dans le genre "ça, c'est votre problème" méritent que la personne qui lui réponde cela perde son emploi. C'est tout le Québec qui souffre des niaisieries de fonctionnaires de ce genre. Honte à nous.

Enfin, si vous devez venir à Montréal très bientôt et que vous souhaitez y être hébergée le temps de passer et de réussir votre examen, il me fait plaisir de vous offrir l'hospitalité.

Bonne chance à vous Dr Hernandez. Nos normes sont sévères, mais avec raison. Lorsque vous aurez réussi, vous serez parmi les meilleurs praticiens de la médecine au monde.

Christine Marie Gladu, candidate au doctorat Faculté de théologie et de sciences des religions Université de Montréal