Après avoir refusé catégoriquement il y a cinq ans de se joindre à un parti dirigé par Stephen Harper, l'ancien député progressiste-conservateur André Bachand rentre finalement dans les rangs et portera les couleurs des conservateurs lors de la campagne électorale qui s'annonce.

M. Bachand a confirmé mercredi qu'il replongeait en politique active en se présentant dans le comté de Sherbrooke pour le parti de son ancien rival, aujourd'hui devenu premier ministre.

Celui qui a été député dans la circonscription de Richmond-Arthabaska de 1997 à 2003 pour le Parti progressiste-conservateur était, depuis quelques années, délégué du Québec à Ottawa. Il quittera son poste vendredi alors que des élections devraient être déclenchées très prochainement, probablement dimanche.

L'arrivée de ce candidat chevronné vient changer la donne dans ce comté détenu par le Bloc québécois depuis une dizaine d'années. N'empêche que ce qui peut être perçu comme un retour au bercail est susceptible d'en étonner plus d'un.

A l'époque de la fusion entre le Parti progressiste-conservateur et l'Alliance canadienne, M. Bachand avait claqué la porte. Il avait par la suite tenu des propos très durs envers celui qui est désormais son nouveau chef, décrivant M. Harper comme quelqu'un qui avait «autant de charisme qu'une table à pique-nique» et qui, de surcroît, ne passait pas du tout au Québec.

Le ministre fédéral des Transports, Lawrence Cannon, en charge de la campagne québécoise du Parti conservateur, ne voit pas de contradiction dans cette décision de M. Bachand de gagner les rangs des conservateurs. À son avis, il s'agit d'un exemple des qualités de rassembleur de M. Harper.

«Ca signifie aussi que les gens qui partagent les valeurs de notre formation politique s'associent à notre formation politique», a-t-il ajouté.

L'arrivée de cette recrue conservatrice n'émeut pas pour autant le député bloquiste de Sherbrooke, Serge Cardin, qui ne croit pas en l'existence d'un véritable fond conservateur dans sa circonscription.

Jean Charest y a été député progressiste-conservateur de 1984 à 1997, à l'époque où l'actuel premier ministre du Québec oeuvrait sur la scène fédérale, mais M. Cardin pense que les nostalgiques de cette époque devraient comprendre que ce parti n'existe bel et bien plus.

«Ce qui existe aujourd'hui est un parti qui a pris le nom de conservateur, mais qui est fondamentalement réformiste et allianciste», a-t-il estimé en entrevue téléphonique.

Pour leur part, les libéraux présentent dans la circonscription une ancienne activiste, Nathalie Goguen, et les néo-démocrates, une enseignante en sociologie à l'Université Bishop's, Cheryl Gosselin.

Départs bloquistes

Par ailleurs, à l'approche du déclenchement des élections, plusieurs députés du Bloc québécois ont confirmé qu'ils ne souhaitaient pas briguer un autre mandat et entendaient tirer leur révérence.

Le curé Raymond Gravel, forcé par le Vatican de choisir entre la prêtrise et la politique, a annoncé cette semaine qu'il ne tenterait pas de se faire réélire dans le comté de Repentigny.

Le député de Rivière-des-Mille-Iles, Gilles A. Perron, a lui aussi confirmé qu'il se retirait de la vie politique. Agé de 67 ans, il a fait savoir qu'il était temps pour lui de prendre sa retraite pour être en mesure de passer plus de temps avec sa famille.

Ce sera l'ancien directeur des TCA-Québec Luc Desnoyers qui ira au front aux prochaines élections générales pour que cette circonscription demeure entre les mains du Bloc.

D'autre part, Pauline Picard, députée de Drummond, et Caroline Saint-Hilaire, de Longueuil-Pierre-Boucher, ont également signifié plus tôt cette année leur intention de ne pas se représenter.

Enfin, Maka Kotto, désormais député péquiste, avait laissé vacante la circonscription de Saint-Lambert, forçant la tenue d'une élection complémentaire qui n'aura vraisemblablement pas lieu comme prévu le 8 septembre, le Parlement devant être dissous la veille.