Conservateurs et libéraux canadiens, qui s'apprêtent à entrer en campagne électorale pour des législatives anticipées attendues le 14 octobre, ont minimisé mardi l'importance d'un sondage créditant les conservateurs au pouvoir d'une confortable avance.

Un coup de sonde de l'institut Strategic Counsel pour le quotidien The Globe and Mail montre que la cote de popularité du gouvernement minoritaire de Stephen Harper a connu une embellie pendant l'été.

Celui-ci est crédité de 37% des intentions de vote, en hausse de cinq points depuis juin, contre 29% à son principal rival, le parti libéral.

Cette percée mettrait les conservateurs à portée de la majorité à la chambre, dont le seuil est estimé à environ 40%.

Un autre sondage de l'institut Ipsos-Reid pour le groupe de presse CanWest, rendu public quelques heures plus tard place toutefois conservateurs et libéraux pratiquement au coude à coude en tenant compte de la marge d'erreur statistique. Il accorde un score de 33% aux conservateurs de M. Harper et de 31% aux libéraux.

Le chef du parti libéral Stéphane Dion a pris les choses avec une philosophie apparente. «Les sondages changent tout le temps. C'est comme la marée», a-t-il dit.

«Qu'ils soient bons ou moins bons, notre réaction sera toujours la même. Il faut travailler plus fort. Il est très important de gagner cette élection», a-t-il ajouté en accusant M. Harper d'avoir mal géré l'économie.

Un important responsable conservateur, Jason Kenney, a lui aussi relativisé le sondage du Strategic Counsel, souhaitant apparemment éviter que la perspective d'un gouvernement conservateur majoritaire n'effraie certains électeurs. «Il est impossible de faire des prédictions actuellement», a-t-il dit.

M. Kenney a aussi vivement critiqué M. Dion, affirmant que ses propres troupes ne comprennent pas son projet complexe de taxe sur le carbone, élément clef de la plate-forme libérale.

Le déclenchement d'élections à la fin de la semaine par le Premier ministre Stephen Harper était tenu pour acquis mardi après l'échec de discussions avec les leaders des trois partis.

Le Premier ministre, qui accuse l'opposition de bloquer les travaux du parlement, avait voulu rencontrer les chefs de l'opposition avant de déclencher ou non des élections.

Pour l'opposition, ces rencontres n'étaient qu'une mise en scène destinée à faire oublier qu'en provoquant un scrutin, le Premier ministre ira à l'encontre d'une loi qu'il a lui-même fait adopter. Celle-ci prévoit des élections à date fixe, les prochaines devant normalement avoir lieu en octobre 2009.

M. Harper conserve toutefois la possibilité de demander à la gouverneure générale Michaëlle Jean de dissoudre la Chambre des Communes, ce qui provoquera des élections. On s'attendait à ce qu'il effectue cette démarche à la fin de la semaine, ce qui se traduirait par un scrutin le 14 octobre.

Même s'il est relativisé par une autre étude, le sondage publié par le Globe and Mail apporte des nouvelles encourageantes pour les conservateurs, à savoir que les Canadiens font plus confiance à M. Harper pour conduire le pays dans une situation économique difficile qui s'annonce comme un enjeu majeur de la campagne.

Il confirme aussi que le chef libéral, systématiquement présenté comme un leader faible et hésitant par ses adversaires conservateurs, a un problème d'image. 53% des personnes interrogées jugent M. Harper comme le leader le plus apte à prendre les décisions qui s'imposent, contre 17% pour M. Dion.