L'Agence métropolitaine de transport a confié à une entreprise privée, au cours de l'été, des contrats pour l'exploitation de deux circuits d'autobus express.

L'Agence métropolitaine de transport (AMT) a confié à une entreprise privée, au cours de l'été, des contrats de plusieurs millions de dollars pour l'exploitation de deux circuits d'autobus express «haut de gamme», avec climatisation et plus de places assises. Et une grille tarifaire distincte, qui n'était pas disponible, hier soir.

L'AMT a confirmé à La Presse, hier, que le consortium Transdev-Limocar s'est vu attribuer pour cinq ans les contrats d'exploitation des nouveaux autobus express qui seront mis en service dès septembre prochain, et dont personne ou presque n'avait entendu parler avant le week-end dernier.

Le premier, l'Express de L'Île-des-Soeurs, fera la navette entre le nouveau campus industriel de Bell Canada, aménagé juste à l'entrée de Montréal, et les deux grands stationnements incitatifs de la Rive-Sud qui appartiennent à l'AMT, Chevrier et Panama.

Le second, l'Express Vaudreuil, créera une nouvelle liaison rapide entre la gare de train de banlieue de Vaudreuil-Dorion, où l'affluence est considérable, et le terminus Côte-Vertu, de l'AMT, situé juste à côté d'une station de métro, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, au nord-ouest de Montréal.

Les deux services seront dispensés à des intervalles de 20 et 30 minutes, respectivement, durant les heures de pointe seulement.

La vice-présidente aux communications de l'AMT, Marie Gendron, a affirmé hier que l'exploitant de l'Express de L'Île-des-Soeurs, Transdev-Limocar, touchera une somme de 554 445$ par année, durant cinq ans, pour un minimum annuel de 3300 heures de service.

La valeur totale du contrat oscille autour de 2,8 millions.

Selon l'AMT, les frais d'exploitation de l'Express de L'Île-des-Soeurs seront assumés à 40% par Bell. L'AMT et la Ville de Longueuil partageront 10% de la facture. La moitié du financement proviendra du Fonds vert du gouvernement du Québec, qui subventionne les nouveaux services de transports en commun.

Mme Gendron n'a toutefois pu fournir les coûts d'exploitation prévus pour l'autre projet, l'Express Vaudreuil, ni les prévisions d'achalandage attendues, ni le seuil d'autofinancement espéré de ces projets de transports en commun.

Des autobus de luxe

L'attribution de ces contrats au secteur privé, en plein été, et les exigences d'exploitation très inhabituelles stipulées dans les appels d'offres de l'agence, on fait dire hier au vice-président du secteur Transports de la FTQ et des affiliés SCFP, Stéphane Lafrance, que «le transport en commun à deux vitesses» vient d'arriver à Montréal.

Cet appel d'offres exige que les autobus mis en service sur ces nouvelles lignes aient un âge moyen maximal de huit ans – et qu'aucun autobus n'ait plus de 10 ans de service. Ils doivent contenir au moins 38 places assises. Et ils pourraient bien être équipés de connexions internet. En janvier, ils devront tous être climatisés.

Dans les sociétés de transport publiques, la moyenne d'âge des véhicules est deux fois plus élevée (16 ans), et des autobus de type coach, qui ont près de 20 ans et qui fonctionnent toujours bien, roulent encore sur certaines lignes de la Société de transport de Montréal. Les autobus contiennent moins de 38 sièges. Le Wi-Fi est encore un mythe lointain. Et aucun, bien sûr, n'est climatisé.

Ces normes d'exploitation complètement inhabituelles, la concurrence des nouveaux services offerts par l'AMT avec ceux d'autres transporteurs publics, de même que la soudaineté avec laquelle ces projets ont été mis sur pied font jaser depuis hier dans les milieux des transports publics, de leurs syndicats et même des municipalités, à mesure que l'information se propage.

Hier, une source de La Presse affirmait que la Communauté métropolitaine de Montréal, qui chapeaute les dossiers des transports et de l'aménagement pour l'ensemble du territoire métropolitain, a demandé des explications à l'agence, qui relève du gouvernement du Québec, relativement à ces nouveaux services.

À l'AMT, hier, Mme Gendron a affirmé que la grille tarifaire particulière qui s'appliquera à ces nouveaux services a été soumise à l'attention de la CMM dès le mois de juin dernier. Mme Gendron ne pouvait toutefois retrouver trace de cette grille des tarifs, hier, en fin de journée. Un appel de La Presse à la Communauté métropolitaine de Montréal est resté sans réponse, hier.