Les policiers penchent pour un simple accident. Louigis Bienvenue, lui, parle de négligence. Ce résidant de Gatineau estime que son fils de 12 ans, Jean-Gardy, n'aurait jamais dû se noyer dans la piscine de son hôtel, à quelques mètres d'un sauveteur en service.

«La piscine avait une profondeur de trois mètres et le sauveteur qui était là parlait au téléphone au lieu de faire son travail», a affirmé ce père atterré, hier, lors d'un entretien téléphonique.

Le petit Jean-Gardy Bienvenue séjournait au Holiday Inn de la montée Côte-de-Liesse avec son équipe de soccer, le Mistral de Gatineau. Le club prenait part au tournoi de l'Association de soccer de Notre-Dame-de-Grâce.

Lorsque son équipe est rentrée à l'hôtel, samedi soir, Jean-Gardy et trois amis ont tout de suite enfilé leur maillot de bain. De la fenêtre de sa chambre, qui donne sur la piscine, Louigis Bienvenue a voulu s'assurer que son fils ne plongerait pas en eau profonde. Mais le petit groupe s'est plutôt dirigé vers les tables de jeu situées non loin de là.

Voyant que son fils n'allait pas se baigner, M. Bienvenue a pris une douche. Quelques minutes plus tard, peu avant 20h30, il est descendu dans la cour intérieure. Jean-Gardy n'y était plus.

Pendant qu'il interrogeait d'autres parents, un baigneur a aperçu le jeune garçon qui flottait à la surface de la piscine. L'un des parents assis près de là a plongé tout habillé pour le sortir de l'eau. Des clients de l'hôtel ont entrepris de le réanimer.

Selon un employé qui travaillait samedi soir mais qui n'a pas dévoilé son identité, au moins «12 ou 13 personnes» se baignaient dans la piscine. Selon d'autres témoins, le sauveteur parlait au téléphone lorsque le drame s'est produit.

Un accident?

Pour le moment, le Service de police de la Ville de Montréal n'entend pas accuser le sauveteur ni la direction de l'hôtel. Ses enquêteurs penchent pour la thèse de l'accident, indique le porte-parole, Laurent Gingras.

«On ne sait pas encore ce qui s'est passé, a-t-il expliqué. Est-ce que le jeune garçon a eu un malaise? C'est possible. Pour le moment, on exclut une main criminelle.»

La direction du Holiday Inn a préféré ne pas commenter la mort de Jean-Gardy Bienvenue puisque l'enquête policière est en cours.

Le père de la victime entend consulter le rapport d'autopsie avant de décider s'il poursuivra l'hôtel.

De son côté, le directeur général de Société de sauvetage, Reynald Hawkins, estime qu'il est trop tôt pour lancer la pierre au sauveteur, car un enfant de l'âge de Jean-Gardy peut se noyer en moins de 30 secondes.

«Est-ce que le sauveteur a été ébloui par le soleil? A-t-il mal entendu à cause du clapotis de l'eau? Même s'il y a un surveillant, il y a plusieurs personnes autour et ça devient difficile de suivre.»

Dans un rapport dévoilé vendredi, le coroner Jacques Ramsay a recommandé que la natation soit enseignée aux enfants dès l'école primaire.