Allan Tirado, qui a détruit la vie d'une adolescente en l'agressant sexuellement alors qu'elle était âgée de 13 ans, a été condamné, hier, à une peine de quatre ans d'emprisonnement, comme le réclamait la procureure de la poursuite. Se défendant seul, l'accusé de 46 ans, qui continue de nier les faits près de cinq ans plus tard, a dit au juge qu'une peine de 24 mois serait suffisante.

À 10h, le 21 novembre 2003, Tirado, qui habite Sainte-Catherine, a clavardé pour la première fois avec Isabelle (nom fictif). Moins de trois heures plus tard, il sonnait à la porte du domicile de ses parents, à Terrebonne. Il savait que sa proie était seule à la maison. Il s'est rué sur elle et lui a fait subir plusieurs sévices sexuels. En conversant sur l'Internet, il avait réussi à gagner sa confiance en disant qu'il était comédien.

Tirado a été l'un des premiers cyberprédateurs envoyés devant les tribunaux. Il a été reconnu coupable à la suite d'un long processus judiciaire interrompu à plusieurs reprises. Son nom sera sur la liste nationale des délinquants sexuels pour une période minimale de 20 ans.

Durant des années, la victime, soutenue par sa mère, s'est traînée au palais de justice de Saint-Jérôme. En mars dernier, elle a tenté de mettre fin à sa vie «qui n'en est plus une afin de mettre fin à cette douleur qui jamais ne me quitte. La vie semble m'avoir trahie!» écrit dans une lettre la jeune femme de 18 ans.

Dans cette lettre, que la procureure Sonia Paquet a lue au juge Jean Beaulieu, elle dit notamment que Tirado lui a déchiré le coeur à tout jamais. Dans un paragraphe, elle parle de la brutalité de son agresseur: «Ses mains froides sur mon corps juvénile apeuré, sa violence, sa respiration accélérée, ses gestes brusques et dégoûtants. J'avais le sang glacé, je croyais en mourir. Entre ses mains destructrices le sens de ma vie s'est échappé, ce sens n'est jamais revenu. La vie s'est figée!»

À la suite de cette sentence, Isabelle espère pouvoir commencer une nouvelle vie. Elle conseille aux adolescentes de ne jamais clavarder. «À 13 ans, c'est tellement facile de tomber dans un filet, c'est l'âge où nous voulons plaire aux garçons et c'est facile de se faire embobiner par de belles paroles», a mentionné Isabelle, visiblement soulagée par la décision du tribunal.

En sanglots, la mère d'Isabelle a dit être très fière de sa fille: «Elle a réussi à passer au travers. C'est très dur pour une mère de voir sa fille dans cet état, j'étais là quand elle a tenté de se suicider. Enfin, c'est terminé, nous allons pouvoir tourner la page.»

Tirado, qui devait recevoir sa peine mardi dernier, avait plutôt quitté le palais de justice sur une civière en prétextant un malaise. Devant le tribunal, hier, il s'est parfois comporté comme s'il parlait pour une autre personne. Même s'il prétend être prêt à subir une thérapie, il n'a pas démontré de remords. Dans sa décision, le juge Beaulieu a dit que les parents ne savent pas tout ce que font leurs enfants sur l'Internet, que les enfants sont vulnérables et qu'il faut protéger leur naïveté, que la société ne peut tolérer les agresseurs sexuels et qu'un message clair doit être envoyé.

Tirado écope de 36 mois de prison pour agression sexuelle et de 12 mois pour leurre informatique. Le juge Beaulieu recommande qu'il soit incarcéré au pénitencier de La Macaza, où sont gardées les personnes condamnées pour crimes sexuels.