Q: Qu'est-ce donc qu'un pont à dalle épaisse?

Q: Qu'est-ce donc qu'un pont à dalle épaisse?

R: Ce terme regroupe plusieurs types de ponts en béton; ponts à dalle pleine ou évidée, en béton précontraint ou armé, portiques, ponts à béquilles, etc. Tous ces ponts ont en commun une portion transversale faite d'une dalle de béton, sur laquelle les véhicules traversent la structure.

Q: Comment les reconnaît-on?

R: Ils sont très courants sur le réseau routier. Ils constituent un pont de béton sur quatre au Québec. Mais ils ne possèdent pas de caractéristique physique qui les distinguerait, en apparence, d'un autre pont de béton.

Q: Qu'ont-ils de particulier?

R: Ces dalles de béton ne sont généralement renforcées que par deux rangs d'armature en acier, en haut, et en bas de la dalle. Il n'était pas jugé nécessaire de renforcer le milieu de la dalle à l'aide d'une armature d'acier capable de stopper la progression de fissures en cisaillement à l'intérieur de la dalle. Le Code canadien du bâtiment n'en prévoyait pas. Du moins, jusqu'à l'effondrement du viaduc de la Concorde, à Laval, le 30 septembre 2006.

Q: Le viaduc de la Concorde était-il un pont à dalle épaisse?

R: Non. Mais le porte-à-faux en béton, au bout duquel étaient suspendues les poutres du viaduc, était constitué d'une dalle épaisse. C'est à l'intérieur de cette dalle que s'est propagée une fissure en cisaillement sur une période de plusieurs années. Des joints de dilatation défectueux et une mauvaise imperméabilisation de la dalle ont permis à l'eau de s'infiltrer dans la masse de béton. Poussée par des sols fondants, qui grugeaient le béton, et les cycles de gel-dégel qui causaient des éclatements, la fissure a progressé jusqu'à former un vide, sous le tablier du pont, qui s'est rompu sans avertissement. L'effondrement a suivi.

Q: Est-ce que le même phénomène pourrait se reproduire?

R: C'est ce que craignait la Commission d'enquête sur le viaduc de la Concorde présidée par Pierre-Marc Johnson. «La commission en est venue à la conclusion que les dalles épaisses dépourvues d'acier d'armature en cisaillement pouvaient constituer des structures vulnérables à une rupture fragile, et ce, particulièrement si des signes de dégradation du béton étaient présents.»

Q: Que fait-on pour prévenir ces risques?

R: La commission Johnson a recommandé de modifier le Code du bâtiment pour prévoir une armature anti-cisaillement dans les dalles épaisses de béton. Au Québec, la commission a aussi recommandé d'évaluer, en urgence, la capacité structurale des ponts à dalle épaisse qui n'ont pas une armature anti-cisaillement. Après discussion entre la Commission et le ministère des Transports du Québec, 135 ponts du réseau routier provincial et 73 structures situées en milieu municipal ont été ciblées par une opération majeure d'inspection.

Q: Qu'a donné cette opération?

R: La majorité des ponts du réseau routier supérieur se sont avérés «en bon état». Malgré cela, 28 des 135 ponts évalués (soit un pont sur cinq) ont été jugés en assez mauvais état pour être démolis et remplacés. Sur les routes municipales, 13 ponts, soit plus de la moitié (59%) des ponts évalués jusqu'à présent, devront être remplacés, à moyen terme, pour un total de 41 ponts à remplacer. Il en reste une cinquantaine à évaluer sur le réseau routier municipal.