«Après moi le déluge...», c'est de cette façon que nous pourrions traduire l'éditorial du 15 juillet dernier, de Valère Audy, dans La Voix de l'Est. La saga écrite et mise en scène par la mairesse de Bromont frise la loufoquerie.

Au dire de la mairesse de Bromont, Granby et son «détestable» maire, la MRC de la Haute-Yamaska et ses élus auraient ostracisé, traumatisé, martyrisé, pénalisé la Ville de Bromont et son développement, sa mairesse et ses droits, les Bromontois et les Bromontoises. Pour la mairesse de Bromont, la MRC de la Haute-Yamaska serait devenu un horrible goulag. Après avoir épuisé tous les recours possibles - référendum, pétitions, sondages, appels à la ministre, appuis de son conseil, conférences de presse, utilisation des médias, etc. -, il ne lui reste plus qu'à faire appel à la tribune de l'ONU, à la Cour internationale de Justice de La Haye ou à Nicolas Sarkozy pour se donner raison.

Pour Valère Audy, toute la stratégie de la mairesse de Bromont relève de l'enfantillage. C'est le moins que nous puissions dire. Ça se rapproche beaucoup plus du comportement de l'enfant-roi et de l'enfant gâtée. S'il n'obtient pas la «bébelle» souhaitée, il pique une crise de nerfs à ses parents et claque la porte en se promettant qu'à l'usure, il obtiendra l'objet convoité. La ministre Normandeau a la responsabilité de dénouer ce psychodrame.

Résidant depuis plus de 20 ans dans la région, j'ai connu et surtout entendu parler du mur que représentait l'autoroute pour les deux communautés. Je pensais que ce temps était révolu. Force est d'admettre que la braise couvait toujours; la mairesse de Bromont s'amuse à attiser les cendres et à ressusciter les oppositions.

La ville de Bromont, depuis sa fondation, a su profiter des largesses et des occasions qui se sont présentées à elle. Et à ce que je sache, la ville de Granby et ses environs ont toujours été présents. Et Bromont profite de cette présence régionale, de ce réservoir de consommateurs toutes catégories confondues.

Le psychodrame échafaudé ne franchit pas l'étape de l'analyse. Aucune donnée objective, aucune démonstration rigoureuse ne justifie la croisade de la mairesse de Bromont si ce n'est un état d'âme qui provoquerait un «power trip» et un ego surdimensionné. Il lui serait peut-être utile de relire la fable de Jean de La Fontaine - La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf - et méditer sur la conclusion:

«Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages:

Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,

Tout petit prince a des ambassadeurs,

Tout marquis veut avoir des pages.»

Les données démographiques et les règles démocratiques font en sorte que la ville de Bromont, qu'elle soit dans la MRC de la Haute-Yamaska ou dans la MRC de Brome-Missisquoi fera toujours partie d'un ensemble, ensemble dans laquelle elle ne sera jamais la ville-centre: les règles du jeu sont les mêmes partout.

Dire qu'il y a peu de temps, jadis, tout ce beau monde claironnait à tout vent et à qui voulait les entendre qu'il était essentiel, primordial et urgent que soit formée une nouvelle région administrative les regroupant autour d'une même table. Incapable de s'entendre dans un petit groupe, imaginons la cacophonie dans un plus grand groupe. Que les dieux ont été bons de nous éviter pareil scénario.

Quoi qu'il en soit, cette saga se terminera un jour et alors il faudra réparer les pots cassés, panser les plaies: le statu quo ou le divorce laissera un goût amer dans la gorge de certains protagonistes. Je suis assuré que tous les citoyens apprécieraient connaître le Plan B de tous ceux et celles qui s'amusent présentement au jeu de la politique sur leurs dos.

Bernard Fournelle

Granby