Après sept mois d'incarcération et sept mois supplémentaires passés dans une maison de transition, l'ex-publicitaire Jean Lafleur est maintenant libre. Depuis hier, il est censé habiter chez un ami qui lui fournit aussi un emploi dans un restaurant, indique un rapport de la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC).

Mis à part son séjour en maison de transition où il a fait du bénévolat auprès de handicapés physiques, c'est dire que l'homme d'affaires de 67 ans a purgé derrière les barreaux sept des quarante-deux mois de pénitencier qui lui ont été infligés l'an passé pour avoir arnaqué les contribuables canadiens de 1,5 million, au moyen du programme fédéral de commandites. Il a aussi écopé d'une amende de 14 000$.

Au moment de recevoir sa sentence, en juin 2007, Lafleur s'était en outre engagé à rembourser au gouvernement fédéral les 1,5 million de dollars volés. Il y a quelques semaines, il a déclaré faillite, alléguant être dans la dèche, même après avoir vendu à gros prix sa luxueuse maison du mont Écho, à Sutton. Pour le moment, il a retourné seulement 235 000$ dans les coffres publics. Il est poursuivi au civil pour 11 millions.

En six ans, de 1999 à 2000, l'ex-président de Lafleur Communication a reçu 65 millions en commandites, dont 36 millions en honoraires. Devant la commission Gomery, il s'était illustré par son ineptie et ses nombreux trous de mémoire. Son fils Éric, aussi un acteur du scandale des commandites, a pour sa part promis de verser 150 000$ au cours des 10 prochaines années.

Dans son rapport, la CNLC souligne que Jean Lafleur sera rémunéré «très modestement» par son ami restaurateur qui a accepté de le prendre sous son aile, «malgré vos comportements délictuels très controversés», précise la commissaire Marie-Claude Frenette. Il a aussi de bonnes relations avec ses enfants et sa famille. Selon elle, il importe que Lafleur «améliore sa situation financière pour pourvoir à ses nouveaux besoins.»

À en croire la CNLC, l'incarcération de Lafleur lui a fait réaliser la gravité de ses gestes et son impact sur l'ensemble des Canadiens. Un agent de libération conditionnelle l'aura à l'oeil jusqu'à la fin de sa sentence, en 2010.