«Les jeunes ont voulu lancer un message. Nous sommes présentement sur une poudrière. Si on n'en profite pas pour changer les choses, la situation peut s'aggraver», dit Harry Delva, coordonnateur jeunesse de la Maison d'Haïti.

Les acteurs de communautés culturelles interrogés hier s'accordaient: l'émeute de dimanche est révélatrice de différents problèmes dans le quartier Montréal-Nord. Et selon eux, le moment est venu de les régler.

«Il fallait s'attendre à ce qu'il y ait des émeutes», dit d'emblée Ali Nestor Charles, boxeur et fondateur de l'organisme Ali et les princes de la rue.

Selon Ali Nestor Charles, les jeunes ont voulu répondre au profilage racial qu'ils subissent fréquemment. «Les policiers sont agressifs et provocateurs envers les jeunes et font à 200% du profilage racial. Je l'ai moi-même subi.»

Ali Nestor Charles affirme se faire parfois questionner par les policiers quand il porte des vêtements amples et se promène à bord de son Jeep. «Ils m'accostent, me fouillent, me demandent mes papiers... Je pense bien qu'ils le font parce que je suis noir», croit le sportif.

«L'émeute témoigne du ras-le-bol collectif de la communauté de Montréal-Nord envers son service de police et les gens qui la desservent», croit également Jean-Yves Sylvestre, travailleur social au collège Ahuntsic. Et j'espère que le jeune Fredy Villanueva ne sera pas mort sans raison.»

M. Sylvestre croit que les policiers et les organismes communautaires du quartier devraient tout d'abord établir une meilleure collaboration pour mieux encadrer les jeunes du quartier.

«Dans le quartier Saint-Michel, les policiers et les organismes communautaires s'assoient à une table de concertation depuis au moins 20 ans. Mais à Montréal-Nord, il y a une grande division. C'est ça le problème», dit M. Sylvestre.

Rose-Andrée Hubbard, intervenante psychosociale dans Montréal-Nord, souligne que des membres d'organismes communautaires, des policiers et des gens de l'administration municipale se sont rencontrés à trois reprises depuis le week-end.

«Tout événement à un côté négatif et un côté positif. Le positif, c'est que ça va nous permettre d'actualiser nos interventions», conclut Mme Hubbard.