La Fédération des policiers municipaux et les partis de l'opposition réclament davantage de policiers sur les routes pour améliorer le bilan routier. Jean Charest, au même moment, prétend que cela ne réduirait pas le nombre d'accidents. Pourtant, le premier ministre et d'autres membres de son gouvernement se sont à plusieurs reprises prononcés en faveur d'une hausse d'effectifs policiers sur les routes, souligne l'opposition.

Devant un bilan routier désastreux, - 32 morts pendant les vacances de la construction -, les policiers municipaux sont catégoriques. «Il n'y a pas assez de policiers sur les routes du Québec», dit sans compromis le vice-président exécutif de la Fédération des policiers municipaux du Québec, Paulin Aubé, en ajoutant même que «ce n'est pas surprenant de constater le bilan routier actuel».

Alors que, selon les chiffres du ministère des Transports, le nombre de véhicules sur les routes a augmenté de 4,4 à 5,5 millions en 10 ans, la surveillance policière n'a pas suivi la tendance. «Les effectifs policiers se sont ajustés, mais à d'autres réalités, comme le phénomène des gangs de rue. Pas en sécurité routière», estime M. Aubé. «Si on veut véritablement améliorer le bilan routier au Québec, c'est bien de faire de la prévention, de resserrer les lois, de mettre la technologie au service de ça, mais on ne peut pas passer à côté du contrôle policier, qui est actuellement déficient.»

Même son de cloche dans les partis de l'opposition. «L'an dernier, il y a eu un budget supplémentaire à la Sûreté du Québec, pour faire plus d'opérations. Il y a eu moins de morts parce qu'il y avait plus de policiers, souligne Sylvie Roy, critique adéquiste en matière de sécurité publique. Cette année, on est revenu à la normale et le nombre de décès augmente. Il y a une relation de cause à effet claire.»

Les radars photo ne sont pas la solution, selon elle. «S'il n'y a pas d'interceptions, ou de chances d'interceptions, on ne changera pas notre bilan», indique Mme Roy. De plus, la grande majorité des accidents se produisent sur les routes secondaires, ajoute-t-elle, alors que les radars photo sont surtout installés sur les autoroutes.

Hier, le débat a rattrapé le premier ministre jusqu'en Chine, où il est en mission jusqu'à samedi. Selon Jean Charest, une hausse des effectifs policiers sur les routes ne réduirait par le nombre d'accidents. «On ne va pas mettre un policier à tous les coins de rue. Ce n'est pas vrai qu'on va créer un État policier pour discipliner chaque conducteur.»

Des déclarations qui ont surpris Serge Deslières, porte-parole du Parti québécois en transport routier. En novembre, les députés de l'Assemblée nationale, incluant le premier ministre, ont voté une motion unanime demandant au gouvernement d'assurer «une plus grande sécurité des citoyens en augmentant les effectifs policiers particulièrement par une présence accrue sur nos routes». «Le premier ministre recule», croit M. Deslières. Selon lui, il existe une «très grande mésentente» entre la ministre des Transports, Julie Boulet - qui s'était prononcée en faveur d'un ajout de policiers -, et le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis - qui depuis le début écarte l'idée d'une hausse des effectifs. Le ministre Dupuis, a refusé, hier, de commenter.

Avec Alexandre Robillard, La Presse Canadienne